Stratégies de mer et de l'air (II)
Il reste à savoir si, cette maîtrise de l’air étant acquise, l’aviation doit mener des actions profondes indépendantes ou, au contraire, apporter sa coopération étroite aux forces de « surface ». Nous avons constaté plus haut que c’est la seconde formule qui a assuré le succès foudroyant des offensives allemandes sur le continent de 1939 à 1941. En poussant plus avant nos observations, nous pouvons ajouter qu’elle a absorbé le gros de l’effort aérien des deux adversaires toutes les fois que les armées étaient engagées au sol, sur une grande échelle. Le cas le plus caractéristique est celui du front russe où, pendant toute la guerre, l’aviation s’est consacrée exclusivement aux objectifs militaires dans la zone des opérations terrestres.
Ce fut également le cas sur le front Ouest à partir du débarquement pendant la « guerre de mouvement ». On peut même avancer que les actions de l’aviation « stratégique » sur l’Allemagne, avant le débarquement, furent menées comme une phase préparatoire à celui-ci, à tel point que le général Eisenhower, commandant en chef des forces expéditionnaires, lorsqu’il prit ses fonctions, réclama le commandement « opérationnel » de l’aviation stratégique basée en Angleterre sous les ordres du général Carl A. Spaatz pour la 8e et sous ceux du maréchal Arthur Harris pour la R. A. F. ; car « il sentait qu’ayant la responsabilité du principal effort contre l’Allemagne, toutes les forces de terre, de mer et d’air mises en œuvre sur le théâtre devaient être sous ses ordres, du moins pendant la période critique précédant et suivant l’assaut (1) » et il obtint gain de cause à partir du 14 avril 1944, date à laquelle le R. A. F. bomber command et l’U. S. Strategic Air Force relevèrent de SHAEF exactement comme les tactical air forces du corps expéditionnaire.
Bien avant cette date, il avait été reconnu que les six industries clefs de l’effort de guerre allemand étaient celles des sous-marins, de l’aviation, des roulements à billes, des carburants, du caoutchouc et des communications et que « l’attaque aérienne de ces objectifs devait avoir une grande importance pour affaiblir la puissance de résistance ennemie et ainsi apporter une aide incommensurable à l’offensive des forces terrestres (1) ».
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