Le centre de gravité de l’Asie centrale se déplace aujourd’hui de l’Ouzbékistan vers la Caspienne, en particulier vers l’Azerbaïdjan. Plusieurs impératifs, qui tous s’imposent à Washington, concourent à cette évolution : tout d’abord la pression, voire la gesticulation, que les États-Unis sont en train d’agencer autour de l’Iran pour l’amener à renoncer à ses ambitions nucléaires ; ensuite la nécessité pour les Américains, qui ne sont en force ni au Caucase ni en Asie centrale (Cf. « Asie centrale : la poudrière et les allumettes » in Défense Nationale, avril et mai 2005), d’assurer la surveillance du pétrole caspien en passe d’affluer en Méditerranée orientale ; enfin l’intérêt pour la Maison-Blanche de prendre à revers la Russie, puissance qui lui résiste encore et qui peut peser lourdement à l’avenir sur ses approvisionnements en gaz. Toutes ces exigences désignent dans l’immédiat un Schwerpunkt, l’Azerbaïdjan, mais aussi, à terme, un enjeu principal : le Kazakhstan et ses ressources. La partie qui commence pourrait faire passer du « Très Grand Jeu », de plus en plus mouvementé, aux grandes manoeuvres où les pressions, voire l’intimidation, seront monnaie courante. Acculés dans leurs retranchements, mais disposant encore de quelques atouts, les Russes et les Iraniens tiendront-ils face à la percée américaine ? Les Russes resteront-ils du côté des Iraniens ?