Alors que Pékin regarde surtout vers Washington, la faiblesse de l’Europe politique, les différences historiques, politiques et culturelles rendent improbable la naissance d’un partenariat stratégique Chine-UE. Dès lors que les relations du triangle Pékin-Washington-Bruxelles sont traversées par des tensions récurrentes qui menacent la crédibilité de l’OMC et le régime de non-prolifération, l’UE et les États-Unis doivent définir une politique commune pour accompagner le retour de puissance de la Chine, qui est plus le révélateur que la cause des dysfonctionnements du monde.
Chine-Europe, où allons-nous ?
À n’en pas douter la Chine s’est prise de passion pour l’Europe. Bruxelles lui répond, certes, sur un mode mineur, mais selon la presse, qui reprend quelques discours ronflants sur « le partenariat stratégique », nous avons là les prémices d’une idylle. Même les Américains, il est vrai prompts à s’émouvoir ou à s’inquiéter dès que le « Vieille Europe » fait mine de s’émanciper, le reconnaissent. Ainsi, le très sérieux David Shambaugh, spécialiste reconnu de l’Asie du Nord-Est et de la Chine, écrivait en septembre dernier que les relations entre la Chine et l’UE devenaient « une donnée significative de la situation stratégique mondiale ».
Rapprochement
Tout cela n’est pas faux. L’UE, les États membres et la Chine ont en effet inventé un mode « dépassionné » de relations politiques qui évite les heurts sur les questions de droits de l’homme et gère les différends commerciaux sans crispations excessives. Des projets de coopération sont à l’œuvre sur le terrain en Chine. Ils tissent un très dense réseau de relations à tous les niveaux des administrations centrales et locales, dans des secteurs aussi divers que la promotion de l’état de droit, les réformes administratives, les politiques fiscales, l’environnement, la santé et les hautes technologies (espace, aéronautique, nucléaire, transports).
Stratégique…
Sur le plan stratégique, l’UE a, en octobre 2003, officiellement accueilli la Chine au sein du programme de positionnement spatial Galileo, concurrent du GPS américain. En échange, Pékin a soutenu la candidature de l’Europe et de la France, contre celle du Japon, pour le choix du site qui abritera le programme expérimental Iter (1). Aucun pays européen ne conteste plus « la politique d’une seule Chine » — devenue le « ticket d’entrée » obligatoire des relations avec Pékin — et tous ont mis en sourdine leurs relations avec Taiwan.
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