Depuis la fin de la guerre froide, les droites et les gauches européennes ont été amenées à rompre avec leurs substrats idéologiques traditionnels en matière de défense. C’est particulièrement vrai en France où les questions militaires sous la Ve République étaient placées sous le double signe de la singularité vis-à-vis de l’extérieur et du consensus au plan intérieur. Aujourd’hui, quoique moribond, le consensus sur la défense française masque la portée de certains abandons de principe et une contradiction croissante à concilier aspiration à une défense européenne, intégration pragmatique dans l’Otan et souci d’indépendance.
En 2007, quels que soient les partis au pouvoir, la défense française n’échappera donc pas à un recadrage. Ce recadrage des choix futurs aura inéluctablement des effets directs et manifestes sur la souveraineté, la crédibilité et le contrôle de notre politique militaire.
Public opinion on defence–between the ideal and the unthinkable
Since the end of the Cold War European political parties of the left and the right have been forced to abandon their traditional ideological thinking on defence. This is particularly true in France, where defence policies under the Fifth Republic have been represented on the one hand as a unique and very personal standpoint with regard to the rest of the world, but have, on the other hand, been fully accepted by the population. Today, whilst moribund, public consensus on French defence matters conceals the abandonment of certain principles and the increasing contradiction of trying to reconcile the hopes of achieving a European defence system and a pragmatic integration within NATO with a concern for independence. Whichever party comes to power in 2007, French defence policy will have to undergo a change. This refocusing will inevitably have direct and obvious effects on French sovereignty, and on the credibility and control of military policy.