Gendarmerie et sécurité intérieure - La prévention « situationnelle »
Deux modèles de prévention de la délinquance peuvent être distingués : la prévention « sociale » et la prévention « situationnelle ». Dans la première forme de prévention, qui s’est imposée en France comme le modèle dominant, il s’agit d’engager des actions en direction des auteurs (potentiels) d’actes délinquants et d’incivilités ; le délinquant étant considéré comme la victime d’une société qui n’a pas su assurer son intégration et sur lequel pèsent des facteurs d’inadaptation inhérents à son vécu et à ses conditions de vie. Dans une démarche « développementale », l’objectif de la prévention sociale est de mener une ou plusieurs actions sur le sujet et son micromilieu (famille, groupe de pairs, milieu scolaire), afin de parvenir à un recul des prédispositions à commettre des actes délinquants. Les actions d’animation destinées à améliorer les conditions de vie des populations sont alors privilégiées afin d’infléchir les progrès de la délinquance, indissolublement liés aux phénomènes de précarité et d’exclusion.
Le modèle de prévention « situationnelle », qui consiste à entourer de précautions une éventuelle victime, est apparu, quant à lui, plus tardivement en criminologie. Dans les années 70, certaines observations ont interpellé les chercheurs. Après avoir muni les voitures d’équipements antivol, les vols de voitures ont ainsi diminué dans des proportions significatives. Ces variations « situationnelles » semblent exercer une influence beaucoup plus déterminante, selon les tenants de cette forme de prévention, que les interventions psychologiques, sociales ou répressives. Pour eux, il paraît plus réaliste, en effet, de changer les situations plutôt que les individus. La prévention « situationnelle » met ainsi l’accent sur les occasions de délit, se concentrant davantage sur la situation dans laquelle l’acte est commis que sur les motivations profondes de celui qui commet l’infraction. Ainsi notre société permettrait-elle l’émergence de situations favorables à la commission de délits, en créant des occasions reposant sur la réunion de trois facteurs : un délinquant « probable », une cible « appropriée », l’absence d’une dissuasion « suffisante ».
Fondements théoriques
La théorie de la prévention « situationnelle » repose sur cinq propositions.
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