Le Chêne qu'on relève
Le Chêne qu'on relève
Il est rare qu’un ministre de la Défense en exercice publie sur son action et sa vision de la France. Pour être réaliste, la politique de défense ne peut être qu’ambitieuse, explique-t-elle. Ce livre est d’abord et avant tout un message d’espoir, et c’est dans cette optique qu’elle aborde d’autres sujets de préoccupation des Français – éducation, économie, social, organisation de notre vie politique – pour nous faire découvrir une vision républicaine, gaulliste et humaniste de la France.
Michèle Alliot-Marie raconte son travail de rétablissement des capacités opérationnelles des forces décidé par Jacques Chirac dès sa réélection en 2002 ; un virage par rapport aux baisses continues du budget d’équipement des armées sous la majorité précédente. Rendant hommage à l’action des militaires français, elle décrit l’adaptation des forces aux nouvelles missions de défense et de sécurité, tout comme la modernisation de son ministère. Insistant pour que le budget d’équipement des forces soit sanctuarisé, elle souligne le rôle de la défense dans la société française, mais aussi sa contribution à la construction européenne. « Pour tous ceux qu’inquiètent les difficultés actuelles de l’Europe, la défense apparaît comme l’un des rares antidotes au découragement. Non seulement elle est le domaine dans lequel les plus grands progrès ont été accomplis ces dernières années, mais elle est aussi le moins affecté par les résultats négatifs des référendums français et néerlandais » peut-on lire sous sa plume.
Plus loin, le ministre développe ses arguments pour la participation de nos forces en opérations extérieures (Opex), dans les Balkans, en Asie centrale et en Afrique. D’où ce constat : face à la multiplication des États défaillants, les armées françaises en Opex prennent le pas désormais sur la diplomatie traditionnelle dans les crises à travers le monde, la résolution est l’une des clés de la sécurité de la France. Bref, dans un monde dangereux, marqué par le terrorisme de masse et le djihad, l’angélisme n’est vraiment plus de mise : il s’agit de défendre tout simplement, « notre conception de vivre ensemble, notre souci de l’égalité entre hommes et femmes, notre volonté de séparer religieux et politique. En un mot, notre irréductible goût de la liberté ».
Après avoir dressé un bilan critique en matière d’éducation, et proposé quelques solutions, le ministre rappelle que les armées constituent dans la France d’aujourd’hui la seule administration apte à offrir une véritable promotion sociale à son personnel, un exemple pour l’ensemble de la fonction publique.
Soucieuse de la grandeur de la France, « déclarer que la France est une puissance moyenne (…) c’est renoncer à revendiquer pour elle un rôle politique ou scientifique de premier plan », Michèle Alliot-Marie critique les rigidités de notre société, de notre politique arabe, ou de la francophonie, deux dimensions de notre politique extérieure qui manquent selon elle de souffle : prenant exemple sur les retards pris dans la mise en place d’une chaîne française internationale d’information elle regrette l’absence de cet instrument lors de la crise diplomatique qui a opposé la France aux États-Unis à propos de l’Irak. Bref, tout au long des 250 pages de ce livre, profession de foi politique à maints égards, Michèle Alliot-Marie ne ménage pas ses efforts pour « rendre aux Français la foi dans l’avenir ». ♦