L’énergie latino-américaine est devenue un enjeu géopolitique et stratégique majeur. Les événements d’Équateur, de Bolivie et du Venezuela de ces trois dernières années ont montré que ces pays pesaient aussi sur l'évolution des marchés mondiaux du gaz ou du pétrole. Les perspectives de croissance de la demande énergétique mondiale pour les vingt prochaines années permettent de penser que l’inadéquation entre l’offre et la demande mondiale d’énergie, de même que la récurrence de chocs géopolitiques dans des régions du monde productrices comme le Moyen-Orient, pourraient avoir un effet déstabilisant sur les équilibres économiques et politiques internationaux. L’Amérique latine aura alors un rôle-clé à jouer, à condition que ses crises sociales et politiques ne se transforment pas en crise géopolitique de plus grande ampleur.
L'Amérique latine, nouvel acteur majeur du grand jeu énergétique mondial
Latin America, an important new player in the great global energy game
Latin American energy has become a major strategic and geopolitical issue. During the last three years events in Ecuador, Bolivia and Venezuela have shown that these countries also count in the development of the world gas and oil markets. The prospects of growth in the global demand for energy during the next twenty years make one realise the shortfall between world demand and availability, in the same way that the recurrence of geopolitical crises in the regions of the world’s oil producers, like the Middle East, could have a destabilising effect on international economic and political balance. Latin America will thus have a key role to play, provided that its social and political crises do not become geopolitical crises of a much more serious nature.
L’Amérique latine est appelée à jouer un rôle croissant sur la scène énergétique internationale et pourrait peser d’un poids décisif sur les grands équilibres énergétiques internationaux. L’instabilité de nombreux pays producteurs peut toutefois déboucher sur une crise aux répercussions plus internationales que locales ou régionales.
Une contestation sociale de grande ampleur ne cesse en effet de se développer dans des pays producteurs de gaz ou de pétrole latino-américain, qu’il s’agisse de l’Argentine, de la Bolivie, de l’Équateur ou du Pérou. Le « modèle politique » que suit le Venezuela depuis 1998 s’étend. Le néo-bolivarisme, pour reprendre le qualificatif utilisé par le président vénézuélien Hugo Chavez, semble devenir un facteur de contagion pour l’ensemble de l’Amérique latine. L’élection d’Evo Morales, dirigeant du Mouvement vers le socialisme (MSA), comme président de Bolivie le 20 décembre 2005, n’a pas seulement marqué l’arrivée, pour la première fois depuis l’indépendance, d’un Indien comme chef de l’État. Cette élection a aussi signifié que l’ensemble du secteur énergétique latino-américain était susceptible de devenir un enjeu géopolitique majeur. Les dirigeants latino-américains sont de plus en plus marqués, à des degrés divers, par une idéologie combinant, tout à la fois, un rejet des options économiques « venues du Nord » ; un néo-socialisme fait d’étatisme, de dirigisme et de nationalisme, qui n’est pas sans rappeler certains traits du gétulisme ou du péronisme, particulièrement sa démagogie populiste ; et un activisme « anti-impérialiste » qui commence à inquiéter de nombreux pays membres de l’OCDE et pas seulement les États-Unis.
Une analyse objective et exhaustive commune des enjeux internationaux de l’énergie et des équilibres politiques et socio-économiques de l’Amérique latine devient donc un enjeu de première importance pour évaluer l’évolution des risques qui pèsent sur les marchés énergétiques mondiaux.
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