La fin de la conscription, et l’accroissement des tensions dans les banlieues ont relancé le débat sur le lien « armées-nation » et le rôle social des armées. Or, sans méconnaître les vertus passées du service national, la relation rénovée de l’Armée avec la société civile ainsi que la vraie contribution des militaires au profit de la jeunesse méritent d’être mieux considérées. En effet, beaucoup d’initiatives ont été engagées, au titre de l’insertion des jeunes et de leur sensibilisation aux enjeux de société et de défense. Pour autant, toutes ces initiatives manquent encore de synergie et de lisibilité d’ensemble. Aussi, face à l’enjeu que représente la jeunesse, la réflexion sur l’amélioration et l’évolution possible du dispositif proposé par la Défense mérite d’être poursuivie.
La Défense et la jeunesse
Defence and youth
The end of conscription and growing tensions in the suburbs have renewed the debate on the social role of the Armed Forces and the link between them and the nation. Without wishing to underestimate the past virtues of national service, the new relationship between the forces and civilian society is worth a closer look, as is the real contribution of military personnel in helping youth. In fact, many initiatives have been taken with regard to educating young people and informing them of the issues facing society and defence. Despite that, these initiatives lack synergy and coherence. Furthermore, given the challenge of youth in all its forms, further thought is needed on improving and developing the system.
En novembre 2005, survenait la flambée de violences urbaines. Elle suscitait chez de nombreux observateurs des réflexions acerbes sur la pertinence du modèle social français et l’efficacité du processus d’intégration national. Depuis lors, il ne se passe pas de semaines sans que le service national et le rôle social des armées, pourtant longtemps décriés, ne soient auréolés d’une nouvelle légitimité, comme vecteur privilégié de modélisation sociale. Celle-ci passe par l’apprentissage des règles de vie en société et de ces « valeurs citoyennes » qui constituent la panacée de toute société démocratique évoluée, ainsi que par l’appropriation plus ancrée d’une identité culturelle.
La question de la place des forces armées dans le dispositif de socialisation, voire de resocialisation des jeunes, notamment ceux en difficulté, mérite donc d’être posée. La réponse n’est ni immédiate, ni unanime. Elle donne même lieu à des débats contradictoires, aussi bien dans les enceintes civiles que militaires, qui portent moins sur le fond (légitimité) que sur la forme (modalités), dans la mesure où toutes se rejoignent sur le constat social, mais se déchirent sur le périmètre potentiel de leurs actions. À noter, qu’un consensus s’établit pour reconnaître que bien avant même que Lyautey (1) ne le formalise, les forces armées ont toujours assumé leur rôle social, mais chaque armée avec sa sensibilité, ses particularités et ses procédures.
À cet égard, un nécessaire effort d’efficacité s’impose à la Défense afin de mieux fédérer ses efforts dans le cadre d’une véritable dynamique d’ensemble. Celui-ci doit être accompagné par une réflexion de fond, sur le projet de société à proposer aux générations futures, vis-à-vis duquel les forces armées auront à se positionner aux côtés des autres grands acteurs de la nation.
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