De la mer à la terre, les enjeux de la Marine française au XXIe siècle
De la mer à la terre, les enjeux de la Marine française au XXIe siècle
Les deux auteurs de cet ouvrage, en croisant leurs analyses, différentes comme l’est leur culture professionnelle, reviennent sur le rôle et les moyens de la Marine nationale dans la seconde moitié du XXe siècle et fournissent un solide travail de prospective en s’interrogeant sur ses enjeux d’ici à une quarantaine d’années. Jacques Isnard, journaliste, a dirigé la rubrique « Défense » au Monde de 1965 à 2004 et apporte une vision extérieure de la question. L’amiral Jean Moulin, marin, a été inspecteur général des armées (IGAM) et contribue à éclairer le sujet de l’intérieur.
Ce livre a pour but de préciser l’orientation nouvelle des opérations navales modernes caractérisée par la formule « de la mer vers la terre » : il s’agit d’engager la majeure partie des bâtiments de projection de puissance de la Marine nationale dans les opérations vers la terre. Ces multiples outils de projection sont brillamment analysés dans une grande partie de l’ouvrage : les sous-marins nucléaires lanceur d’engins (SNLE), les sous-marins nucléaires d’attaque (SNA), les porte-avions, l’aviation maritime, les frégates et les navires amphibies. Les auteurs reviennent pour chacun d’entre eux sur la situation des années 1950 à nos jours et poussent leur étude jusqu’à l’horizon 2040.
De la mise à l’eau du Redoutable, premier SNLE français, dans les années 1960, au renouvellement des armements, plus sophistiqués, comme le futur M51 (prévu à partir de 2010) qui équipera les SNLE-NG (nouvelle génération) ; de la mise au point laborieuse et longue du porte-avions à propulsion nucléaire (PAN) Charles-de-Gaulle, à l’élaboration future d’un second porte-avions, à propulsion classique celui-là, qui permettrait une garantie d’efficacité et de régularité des missions ainsi qu’un couplage des flottes britanniques et françaises de ce type ; du tournant des années 1970-1980, faisant des frégates des bâtiments « à la mode », au programme ambitieux de renouvellement de la composition de la Force d’action navale avec un chantier qui devrait compter 17 frégates européennes dites multimissions (Fremm) après 2009 ; ou encore de l’héritage américain d’une armada de bâtiments pour les actions amphibies utilisés dans la guerre d’Indochine aux bâtiments de projection et de commandement (BPC) type Mistral, la Marine nationale voit son rôle s’accroître pour être en mesure de répondre, dans quelques années, à un triple enjeu géopolitique : la maîtrise globale de la mer, l’approfondissement de la politique de dissuasion nucléaire et la poursuite des missions de sécurité maritime à tous les niveaux.
Une autre partie de l’ouvrage est consacrée plus précisément aux marins, ces gens de mer formant une communauté unique. On y trouve notamment des indications sur les conséquences de la professionnalisation des armées, commencée en 1996, et sur le lancement des campagnes de recrutement, comme celle de 2004, qui redéfinissent complètement les multiples opportunités offertes par la Marine. ♦