Moscou eût-il pu être pris en 1941 ? (III) Le dénouement de la crise, 18-22 août - Conclusions
Ainsi les suggestions et les manœuvres d’approche toutes diplomatiques de l’O. K. H. n’ont, en définitive, abouti qu’à un échec. Le Führer s’engage, dans une série de manœuvres trop longues et trop vastes pour pouvoir revenir ultérieurement en arrière. Or, le temps presse. Voilà déjà passée la mi-août. Le général Halder estime ne pouvoir se rendre sans avoir, au préalable, libéré sa conscience et fait entendre un suprême appel à la raison. Il rédige et fait signer, le 18 août, par le feld-marschall von Brauchitsch en personne un mémorandum auquel il attache, aujourd’hui encore, une décisive importance historique. Ces propositions pour la poursuite de l’opération du groupe d’armées centre en liaison avec les groupes d’armées du sud et du nord doivent être analysées en détail au risque de voir réapparaître les arguments et les termes mêmes de la lettre non expédiée du 30 juillet.
La situation de l’ennemi est d’abord examinée :
« Après la destruction des forces ennemies opposées au groupe d’armées du centre, et compte tenu des succès qui semblent se préparer dans le secteur du groupe d’armées du nord, la répartition des armées ennemies permet de reconnaître qu’actuellement, le gros des forces vives militaires de l’ennemi se trouve en face du groupe d’armées centre. Les Russes semblent donc considérer l’attaque du groupe d’armées centre en direction de Moscou comme une menace décisive. Ils emploient tous les moyens (concentrations de troupes, travaux de fortifications) pour être sûrs de pouvoir intercepter cette attaque. Rien ne permet de supposer que l’ennemi affaiblit, de façon appréciable, les troupes placées devant le groupe d’armées centre pour créer de nouvelles formations destinées à faire face aux groupes d’armées du sud et du nord. Il est plus probable, étant donné le manque de troupes qui se dessine peu à peu, qu’il tentera de former à nouveau, sur une ligne aussi courte que possible, un front défensif continu en reportant vers l’arrière certaines positions de flanc trop avancées…
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