La guerre est partout, elle crève les écrans de télévision, gronde dans les radios et ensanglante les journaux. Elle s’introduit dans les emails, et dans les téléphones mobiles… Elle prend le Net d’assaut, envahit la «blogosphère» et se propage dans les forums de discussions. Quelle que soit notre opinion ou notre religion, nous sommes pris en otages, pris à partie, pris à témoin ou encore désignés coupables. On pourrait penser qu’il suffit de tout éteindre pour se déconnecter du conflit… Cela ne sera pas suffisant, la guerre s’est aussi invitée dans la rue, où elle vient crier sa douleur. On peut se demander si ces prises de position, ces opinions, ces émotions que suscite l’horreur de la situation nous appartiennent vraiment, ou si ces appels à la paix font partie de la stratégie guerrière moderne ?
Les guerres « modernes » se gagnent d'abord dans les opinions
‘Modern’ warfare-the battle for public opinion
War is everywhere. It spits out of our TV screens, grumbles through our radios, bloodies our newspapers. It has crept into our e-mails and our mobile phones. It has taken the Internet by storm, invaded the ‘blogosphere’, and expands through seminars and discussion groups. Regardless of our opinions or our religions we are taken hostage, taken aside, taken to witness, or held guilty. You might think you only had to switch off everything to be able to switch off war. Not a bit of it: warfare has invited itself into the street where it can scream its agony. You may well ask yourself if all these attitudes, opinions, passions aroused by the horror of the situation are really our own, or if these cries for peace are simply a part of the strategy of modern warfare?
Ces dernières décennies, la nature des conflits a subi de profondes mutations. De guerres conventionnelles (guerres symétriques), opposant des forces armées classiques, appartenant à des États, on est passé à des « guerres asymétriques », opposant des groupes armés à des nations, dans un rapport du « faible au fort » ; le terrorisme étant un des exemples qui illustrent le mieux cette asymétrie du conflit. Les hostilités entre Israël et le Hezbollah, sur le sol libanais, sont quant à elles représentatives d’une mutation de ces guerres asymétriques en des « guerres hors limites ».
Par « limites », il faut intégrer tous les types de limites que pourrait avoir l’exercice d’un conflit, qu’elles soient géographiques, spirituelles, techniques, morales ou économiques. Le théâtre des opérations ne se restreint pas au « champ de bataille », il est polymorphe et omnidirectionnel. Il combine les actions militaires avec celles menées au niveau économique, juridique, politique, diplomatique, etc. dans les zones de paix. Il s’étend en fonction du potentiel de résultats, à l’intérieur de ses propres lignes, sur les lignes alliées ou jusque derrière les lignes ennemies, au sein des populations. Le seul élément ayant une réelle importance est la finalité, autrement dit la victoire, quels que soient les moyens à mettre en œuvre pour y arriver.
La tactique de la guerre hors limite vise à exploiter les valeurs fondamentales qui régissent nos sociétés, (humanité, société, culture, haine, amour, conscience) tout en les vidant de leur sens pour en conserver uniquement le potentiel stratégique et leur pouvoir d’influence. Le « choix » du Liban comme champ de manœuvres repose sur la stratégie du conflit par État interposé (Proxy War), celle-ci permettant à des puissances tierces de régler leurs différends en évitant ainsi une confrontation directe et les pertes humaines et économiques massives qui en résulteraient. Un des objectifs de la guerre sans limites est aussi d’affaiblir la capacité offensive et défensive d’un pays en le forçant à gérer plusieurs fronts simultanément, donc à diviser ses forces.
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