Les liens des diverses stratégies : un cas concret
On se bat, en temps de guerre, dans les champs les plus divers. II y a une lutte politique constante sur les théâtres diplomatiques. Il y a une lutte militaire, sur laquelle il n’y a pas à insister, qui se déroule sur terre, sur mer et dans les airs. Il y a une lutte financière et une lutte économique, dont l’issue est des plus importantes pour l’ensemble. Le conflit atteint également le domaine colonial. Il comprend en outre, évidemment, la lutte morale, qui anime et soutient tous les acteurs du drame, civils et militaires. Il y a même d’autres terrains de compétition encore, et ceux qui viennent d’être cités ne sont que les principaux, les plus importants, ceux qu’il faut avant tout considérer.
D’autre part, il n’y a pas compartimentage entre ces aspects variés d’un conflit. Il n’y a pas, se suffisant à elles-mêmes et formant chacune un tout autonome, une guerre diplomatique, une guerre terrestre, une guerre financière, une guerre aérienne, une guerre économique, une guerre navale, etc… Il y a la guerre tout court, et chacune des hostilités précédentes n’en est qu’un côté, qu’une forme, qu’une manifestation dans un milieu déterminé. Elles s’incluent toutes dans le choc général, dans le phénomène de compétition biologique qui éprouvent tous et chacun.
C’est là le principe de l’unité de guerre. La guerre est une, et il en a toujours été ainsi. Ou encore, elle est totale, comme on aime à dire à présent, bien que cette « totalité » ne soit nullement une nouveauté jaillie de la guerre 1914-1918, ainsi que certains le prétendent. La notion de la guerre totale, en aucune manière inconnue avant 1914, est en réalité apparue dans toutes les luttes vitales du passé, telles que les guerres anglo-hollandaises du XVIIe siècle, les guerres de la Révolution et de l’Empire et la guerre de Sécession.
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