Introduction by the minister of defence
Mot du ministre de la Défense
Terre de contrastes – il faudrait parler des Afriques – le continent noir suscite une attention renouvelée. Ses fléaux récurrents (guerres, réfugiés, famine, pandémies du sida et du paludisme) y contribuent malheureusement. Pourtant, les crises ne doivent pas masquer les réelles avancées du processus de stabilisation en République démocratique du Congo, ou encore du dialogue national au Togo ou en Mauritanie. De même, infirmant l’idée d’une triste « exception africaine » en matière de développement certaines économies affichent un essor économique prometteur, à l’instar du Ghana ou du Botswana et surtout de l’Afrique du Sud, dont les nombreux atouts économiques, politiques, diplomatiques sont porteurs d’espoirs pour l’ensemble de la région australe mais aussi pour le continent africain tout entier.
Il demeure que de nombreuses crises perdurent et hypothèquent trop souvent les efforts de bonne gouvernance, tandis que la quête de ressources énergétiques et minières, comme celle de débouchés commerciaux, peut attiser les tensions. En la circonstance, l’émergence, légitime, de nouveaux acteurs n’est pas sans effet sur des équilibres régionaux fragiles. On peut penser à une Chine redevenue un partenaire majeur des États africains – en témoigne le premier sommet Chine-Afrique – mais aussi à l’Inde, à l’Iran, à certains pays arabes ou Israël.
Pour sa part, face aux défis que relève l’Afrique, la France manifeste sa solidarité et son intérêt. Elle est fidèle à une communauté d’intérêts et de cœur, auxquels la plupart de nos partenaires africains restent eux-mêmes très attachés. Elle a, à ce titre, choisi d’inscrire sa politique dans une démarche multilatérale, qui vise à favoriser l’appropriation par les Africains, de la gestion et du règlement des crises.
La France endosse à cet égard la stratégie pour l’Afrique adoptée par l’Union européenne en décembre 2005, dont l’approche se veut globale et cohérente lorsqu’elle associe sécurité et développement. En termes de paix et de sécurité, cette impulsion se traduit par la mise en place d’un concept européen de soutien aux capacités africaines de prévention, de gestion et de résolution des crises. Il donne l’occasion à la France de mettre en partage ses actions de coopération, en particulier le dispositif Recamp. Dans le même temps, l’Union européenne s’est résolument engagée dans un appui opérationnel et financier à l’Organisation des Nations unies, comme en témoignent le soutien à la Mission de l’Union africaine au Soudan (African Union Mission in Sudan, AMIS) et le déploiement d’Eufor RD Congo en RDC.
Ces efforts sont méritoires, mais ils montrent dans le même temps le chemin qui reste à parcourir. La crise du Darfour révèle l’obligation de faire progresser la coopération internationale, en particulier entre l’Union européenne et l’Union africaine. En parallèle, entre nations européennes, le renforcement d’un dialogue franc et constructif sur les questions africaines doit également être encouragé. La consolidation d’un tel socle politique est indispensable au progrès des nombreuses actions qui restent à mener pour donner corps à la vision européenne.
Sur la base d’une concertation étroite, menée dans un esprit d’humilité et d’ouverture réciproque avec ses partenaires de l’Union européenne, la France se doit d’assumer un rôle de pionnier au service de la sécurité collective africaine. Il est de son devoir d’être à la hauteur de cette grande ambition. ♦