Gouvernance économique mondiale et conflits armés, Banque mondiale, FMI et GATT-OMC
Gouvernance économique mondiale et conflits armés, Banque mondiale, FMI et GATT-OMC
Selon l’auteur, chargé d’enseignement à l’Université Pierre Mendès-France de Grenoble, il n’existe que très peu d’études sur le rôle qu’ont joué ou que devraient jouer les Organisations économiques internationales (OEI) en matière de sécurité militaire. D’où son souci, de combler cette lacune en se bornant toutefois à l’étude des seules organisations « mondiales » énumérées dans le titre. Il en examine l’action qui se réduit à fort peu de chose.
En effet, tel n’est pas leur rôle. Il décerne pourtant la palme à la Banque mondiale qui a lancé, depuis près de deux décennies, des études globales sur les liens entre économies et conflits en faisant largement appel à des spécialistes universitaires. La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (Bird) s’est concentrée sur l’évaluation des efforts de reconstruction, les investissements matériels ou humains en matière de reconversion du personnel et des industries de guerre. Aucune étude de fond, aucun appareil statistique n’existe sur les moyens de prévention. Il aurait dû avancer des suggestions. Contester simplement Paul Collier, d’Oxford, qui voit dans le souci d’accaparer les richesses naturelles la cause principale du déclenchement des confits, semble insuffisant. Le lecteur est en attente d’une réflexion complémentaire. Constater que la pensée économique a peu évolué depuis La Richesse des Nations d’Adam Smith (1776) dans l’élucidation des rapports entre commerce et guerre apparaît peu salutaire.
Il y a pourtant comme dans tout ouvrage d’économie scientifique une foule de données intéressantes : nombreux tableaux sur le début des guerres civiles, leur durée depuis l’indépendance des États du Sud, leur impact sur la croissance, les populations… ou le tableau qu’il établit du taux de risque de guerre civile annuel pour un pays « moyen ». Mayeul Kauffmann brasse tant de données chiffrées, aborde tant de questions : ventes d’armes, industries d’armement, prêts post-reconstruction, niveau « optimum d’armement », principales causes économiques des guerres civiles, place du dollar dans la géopolitique, autonomie des approvisionnements, inégalités, changement de régimes politiques, de quoi combler bien des attentes et satisfaire bien des curiosités. Il y a certainement un profit à tirer d’un tel effort en termes de prévisibilité et d’action de formation à mener. Une base de données plus complète, plus fiable, fondée sur des séries longues stimulerait certainement l’étude des conflits et en améliorerait la compréhension. ♦