Longtemps, la voie hiérarchique a constitué le mode exclusif de prise en considération des attentes du personnel militaire, celles-ci demeurant en outre une préoccupation subsidiaire. Peu à peu des instances de concertation ont été instituées. Elles forment aujourd’hui un ensemble cohérent. Parallèlement, les individus cherchent à s’autonomiser par rapport aux structures de pouvoir et disposent d’espaces d’échange nouveaux grâce à l’Internet. Afin que la chaîne hiérarchique ne coure pas derrière le social, elle doit accepter de céder plus largement la main à une architecture de dialogue social indépendante qui saura tirer profit des travaux récents du Haut comité d’évaluation de la condition militaire.
Du dialogue social
Le Haut comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM) a rendu le 6 février dernier son premier rapport au président de la République contribuant ainsi que le prévoit l’article premier du décret de création (1) à « éclairer » les pouvoirs exécutif et législatif sur la situation et l’évolution de la condition militaire. La qualité des destinataires du rapport (président de la République et Parlement) et la place éminente qu’il occupe dans la loi témoignent de l’ambition politique qui a présidé à sa création.
En effet, ce comité est institué en vertu de l’article premier de la loi du 24 mars 2005 portant statut général des militaires. Un regard extérieur sur la condition militaire répond à une double nécessité. En premier lieu, celle de l’objectivité incontestable, réponse aux corporatismes latents, mais plus encore, cette instance d’évaluation vient combler l’impuissance de la hiérarchie à porter les aspirations sociales de l’institution.
Parallèlement, une vaste réflexion est engagée sur la rénovation du dialogue social en France (2). Chacun perçoit plus ou moins clairement ces défis ; mais l’incompatibilité des groupements professionnels à caractère syndical avec les « règles de la discipline militaire » réaffirmée dans le nouveau statut ne doit pas masquer les tentations internes de faire évoluer la nature de la représentation des militaires vers le syndicalisme.
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