Carnets de route (1940-1944)
Carnets de route (1940-1944)
À lui seul le titre de ce livre peut immédiatement entraîner l’intérêt des lecteurs de la revue, qu’ils soient militaires ou civils. Ne se sentiraient-ils pas attirés par la lecture d’un livre exposant ce que fut la vie de l’auteur, Henry Lelong, âgé de dix-sept ans au début de la guerre, qu’un patriotisme inébranlable poussa inlassablement à la recherche de la meilleure voie qui lui permettrait de participer à la défense de notre patrie. Ces véritables Mémoires mentionnent quasi quotidiennement tous les facteurs, familiaux et nationaux et aussi mondiaux, qui déterminaient le processus intellectuel dans lequel il cherchait la voie qui comblerait sa volonté nationale passionnée.
Cette recherche fut toujours celle de l’action militaire, qu’il voulait satisfaire par l’admission à Saint-Cyr ; mais évidemment les événements qui se produisirent à partir de 1940 ne lui permirent pas de satisfaire cette extraordinaire ambition saint-cyrienne. Il se consacra donc à la recherche d’une autre voie qui le conduirait également à une participation à la défense par les armes. Les conséquences de l’occupation annulèrent la réussite de ses efforts ; en particulier, alors qu’il avait été admis à l’École spéciale militaire d’Aix-en-Provence, ville qui fut occupée, il dut se soumettre avec tous ses camarades à la décision du gouvernement de dissoudre l’armée. Il parvint toutefois à prendre l’unique voie existante favorable à son aspiration, celle qui traversait l’Espagne, et en octobre 1943 il réussit à gagner l’Algérie et le Maroc.
C’est alors qu’il put satisfaire son inépuisable passion patriotique. S’étant engagé dans les forces armées qui étaient mises sur pied et s’étant bien entraîné il devient assez rapidement chef de section. En juin 1944 une seule chose compte pour lui, celle de « partir au baroud » en se dispensant des stages de formation complémentaire. Il débarque en Provence à la fin du mois d’août comme membre d’une unité qui est affectée en octobre dans la zone d’opérations d’Alsace. Il se distingue en décembre 1944 comme sous-lieutenant commandant une compagnie du 8e Régiment de Tirailleurs Marocains. Il réussit à reprendre une usine aux Allemands dans un combat « de haute lutte au cours duquel il trouve une mort glorieuse en résistant mitraillette en main à une furieuse contre-attaque allemande et lui infligeant des pertes sérieuses » (entre guillemets un extrait de sa citation à l’ordre de l’armée). Après avoir été cité il sera aussi promu chevalier de la Légion d’Honneur. Ce livre est une remarquable démonstration de la force des vocations généreuses d’une partie de la jeunesse nationale de cette époque. Henry Lelong a mentionné la vocation spirituelle de son frère Michel qui allait devenir un prêtre missionnaire, père de haute renommée et très actif dans les efforts du Vatican pour rapprocher islam et christianisme. ♦