La question d’un Iran nucléaire suscite de plus en plus de débats. Face à l’impuissance occidentale, nombreux sont ceux, en Israël, qui appellent à une action préventive contre un génocide annoncé. Selon les analystes israéliens, faute d’une action militaire, la bombe iranienne ne serait qu’une question de temps. Or, la rhétorique employée par les dirigeants iraniens, et en particulier par le président Ahmadinejad, ne serait pas un slogan, mais bien un programme d’annihilation. La destruction d’Israël serait indispensable pour que s’accomplisse le destin assigné à l’Iran, à savoir l’islamisation du monde. Il émerge donc en Israël un quasi-consensus sur la nécessité de procéder au bombardement des installations nucléaires iraniennes. Reste à en définir le scénario.
Problématique d'une frappe israélienne sur l'Iran
The vexed question of an Israeli strike against Iran
A nuclear Iran has become an increasingly contentious issue. In the light of Western impotence, many Israelis are calling for a preventive strike against a declared genocidal intention. According to Israeli analysts, without preventive military action production of an Iranian bomb is just a matter of time. Moreover, the annihilationist rhetoric used by Iran’s leaders, chiefly by President Ahmadinejad, is not a matter of sloganeering but indeed a programme, in which the destruction of Israel is indispensable for the attainment of Iran’s manifest destiny– the ‘Islamisation’ of the world. A quasi-consensus is emerging in Israel on the necessity of bombing Iranian nuclear installations. The scenario is still undefined.
Dans une interview au Nouvel Observateur, au New York Times et à l’International Herald Tribune fin janvier 2007, Jacques Chirac avait déclaré qu’une bombe atomique envoyée par l’Iran sur Israël « n’aura pas fait 200 mètres dans l’atmosphère que Téhéran sera rasé » (1). Le lendemain, il qualifiait lui-même cette phrase d’« un peu schématique » et de « boutade ». Elle n’en a pas moins suscité la polémique et montré à quel niveau de réalisme on débat désormais dans l’arène internationale de l’éventuelle bombe atomique iranienne. Quel serait le « schéma » ? Qui « raserait » Téhéran ? Israël ? Les États-Unis ? Une coalition et laquelle ? Ce n’était pas précisé, mais si l’on aborde la question avec un tel vocabulaire à Paris, il est compréhensible qu’on en discute encore plus ouvertement et passionnément en Israël, dans les sphères du pouvoir, dans le public et dans la presse. En effet, d’ici peu d’années (d’ici quelques mois ?) un gouvernement de Jérusalem pourrait être amené à prendre la décision la plus lourde de conséquences de toute l’histoire de l’État juif : attaquer les installations nucléaires iraniennes avant que l’Iran n’acquière la bombe.
Pour le moment, la posture d’Israël, maintes fois réitérée par ses dirigeants, ne varie pas : la course de Téhéran à la capacité nucléaire militaire concerne la communauté internationale tout entière. C’est à elle qu’il incombe de prendre les mesures nécessaires pour prévenir un désastre d’envergure mondiale si l’arme absolue parvient dans les mains d’islamistes fanatiques. Au cours des dernières années, au fil de négociations laborieuses, les interlocuteurs occidentaux de Téhéran se sont conduits, vus de Jérusalem, en tigres de papier, accordant répit sur répit à Téhéran, et n’ont pu s’accorder que sur des menaces de sanctions sans pouvoir de coercition réel.
Un langage beaucoup plus militant commence donc à se faire entendre en Israël, auquel il appartiendrait de prévenir un génocide et un politicide annoncés ; et avant qu’il ne soit trop tard.
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