L’état-major des armées est devenu au fil des années un atout précieux au service de notre pays et de sa politique de défense. Alors que notre pays affronte des défis nouveaux qui conduisent à redécouvrir la nature de l’action militaire, l’état-major des armées (EMA) assume une responsabilité essentielle dans le succès des opérations que nous conduisons quotidiennement et dans la préparation de celles que nous conduirons demain. Cet outil central au cœur du ministère de la Défense devra continuer à être valorisé pour répondre aux défis de demain.
L'état-major des armées, le vecteur d'une influence stratégique
The Defence Staff as a source of influence on strategy
Over the years the Defence Staff (EMA) has become a precious resource for France and its defence policy. At a time when the country faces up to new challenges which could change the nature of military action, the EMA is responsible for the success of operations we conduct daily, and for preparing those which we will undertake tomorrow. To be able to respond to tomorrow’s challenges, this structure at the heart of the Ministry of Defence must be continually improved.
Le changement continu qui s’est opéré dans notre contexte stratégique depuis la fin de la guerre froide a été largement analysé dans ces colonnes comme dans les instituts de recherche. Cette évolution a donné une importance accrue à notre politique militaire, comme en témoignent l’activité opérationnelle soutenue qui est la nôtre, l’évolution constante des structures de coopération et la place croissante occupée par les questions militaires et de défense dans les relations internationales. Avec l’état-major des armées (EMA), notre pays s’est doté d’un outil précieux au service de cette politique, outil dont toute l’importance n’a sans doute pas encore été complètement perçue. Longtemps, la conscience commune a pensé un état-major comme un organisme opérationnel primordial en temps de guerre mais somme toute inemployé en temps de paix. Ce temps est révolu. Certes, héritier des organismes qui depuis plusieurs siècles ont présidé aux destinées de notre outil de défense, il se présente aujourd’hui comme un organisme original au cœur du ministère de la Défense dont il incarne la raison d’être. Cette originalité tient à la nature très particulière de l’action militaire, qui détermine désormais les deux grandes dimensions de l’action de l’état-major des armées, assurer le succès opérationnel d’aujourd’hui, d’une part, et celui de demain d’autre part.
L’état-major des armées est déterminé par la nature particulière de l’action militaire
Les armées françaises ont longtemps conçu leur action en fonction d’une menace principale : arrêter l’envahisseur qui, venu de l’Est, viendrait mettre en péril l’indépendance nationale. Cet impératif, à peine tempéré par quelques expéditions lointaines, a depuis, on le sait, fait place à des objectifs plus variés. Exercice de la dissuasion, prévention des conflits, protection de nos concitoyens sur le territoire national comme à l’extérieur, participation au maintien de la paix dans le cadre de nos responsabilités internationales sont les mieux connues de ces missions remplies par nos forces. Par ailleurs, les attentes de la société se sont faites plus pressantes à l’égard d’une institution particulièrement représentative de l’identité nationale et de nos valeurs républicaines. C’est ainsi qu’on met à juste titre en valeur leur contribution à la cohésion sociale ou les moyens qu’elles mettent à la disposition des autorités civiles dans les situations d’urgence.
Cette nécessaire multiplicité des objectifs politiques poursuivis, associée à la diversité des conflits dans lesquels nos forces sont engagées, a pu brouiller les repères concernant la nature de l’action militaire. En particulier, une confusion a pu s’opérer entre la finalité politique la plus fréquente de nos engagements, celle du maintien ou du rétablissement de la paix, et le type d’action militaire qui, sur le terrain, permet d’atteindre cette finalité. L’apparition du casque-bleu dans les conflits a semblé incarner la montée en puissance d’une modalité entièrement nouvelle et assez rassurante d’emploi de la force armée. Il s’agit sans doute d’une erreur de perspective. L’action militaire n’est pas essentiellement différente selon que son but ultime relève du maintien de la paix ou d’une logique plus coercitive. Aujourd’hui comme hier, elle reste déterminée par un principe unique : elle consiste à utiliser ou à menacer d’utiliser la force pour infléchir les intentions ou contraindre la volonté d’un adversaire armé.
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