Dans un précédent article (Défense nationale et sécurité collective, mai 2007 : « La galère afghane : état des lieux »), l’auteur a montré comment l’action de l’Otan en Afghanistan passe à côté de l’essentiel : la lutte contre la drogue. Il a souligné aussi combien les Américains et leurs alliés se sont fourvoyés au point d’indisposer une population qui, à l’origine, leur était favorable. Alors que l’Organisation atlantique est prise dans une spirale interventionniste, il importe de se demander pourquoi nous combattons en Afghanistan. La réponse permettra d’envisager soit la poursuite de l’expédition et les sacrifices que cela représente, soit un repli de l’Otan et l’entrée en lice de forces nouvelles.
La galère afghane (II) : que faire ?
The Afghan nightmare: what is to be done?
In an article in last month’s issue of Défense nationale et sécurité collective entitled ‘The Afghan nightmare: an update’, the author showed how NATO action in Afghanistan is missing the point: the drugs war. He highlighted the way in which the Americans and their allies have taken the wrong track to the point of alienating a population initially well disposed towards them. The Atlantic Alliance is caught up in an interventionist spiral, and we have to ask ourselves what we are fighting for in Afghanistan. The answer to that question will tell us whether the operation should be maintained, with the sacrifices that that will entail, or whether NATO should withdraw to allow other forces to take over.
Certains faits « têtus » doivent être rappelés avant toute analyse du problème afghan. L’Afghanistan, tout d’abord, malgré cinq années d’intervention « pacificatrice » et une centaine de milliards de dollars déversés sur le pays — souvent sous forme de bombes — demeure au cinquième rang des pays les plus pauvres. Ensuite, si grâce à la politique antidrogue des taliban, l’opium en 2001 n’était plus cultivé que sur 8 000 hectares de terre afghane, le pavot aujourd’hui en couvre 165 000 (1) ! Il n’y a pas de preuve plus flagrante en ce pays de la faillite occidentale. Enfin, il faut avoir à l’esprit ce fait terrifiant dû à la persistance de la guerre : 70 % des Afghans présentent des troubles psychiques (2). Cette détresse trouve dans l’héroïne et l’opium, partout disponibles, une sorte de remède : pour 28 millions d’habitants, il existe au moins un million de toxicomanes.
C’est seulement en gardant à l’esprit cette misère physique et morale du peuple afghan, et l’échec de l’Occident à son égard, que l’on pourra mener une réflexion saine sur l’avenir du pays le plus déshérité au monde.
Pourquoi intervenir en Afghanistan ?
Depuis 2001, on nous rebat les oreilles avec « la guerre contre la terreur ». On nous repaît d’images où l’on voit des matamores bien nourris, équipés d’un matériel hors de prix, mener des manœuvres savantes contre une sorte de néant appelé « terrorisme ». Ce néant cependant prend forme lorsqu’une volonté nationale rejoignant un fanatisme religieux inspire, comme en Irak ou en Afghanistan, une guerre de libération contre un intervenant devenu envahisseur. Un duel ridicule se produit alors : celui du marteau contre une mouche insaisissable dont les incessantes évolutions lui permettent d’éviter l’écrasement.
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