France - la fin d'une influence
France - la fin d'une influence
Le thème du déclin, allant de pair avec celui de la repentance, était de rigueur en cet hiver 2007, pessimiste bien qu’ensoleillé. En attendant le réveil promis au printemps suivant, électoral bien que pluvieux, Olivier Hubac constate à son tour la difficulté que nous éprouvons, pauvres Français, à « tenir notre rang », au-delà des « victoires oratoires diplomatiques trop faciles » et des « parades à la tribune des Nations unies », aimables pierres jetées dans le jardin de tel récent successeur de Vergennes. Bref, si désormais « le discours ne correspond plus aux moyens », il nous faut atteindre le « juste équilibre entre volonté et capacité ». Cela est tellement évident qu’il n’y a rien à redire.
Dans ce but, notre auteur invite à s’accrocher à des « constantes », à la lumière d’un « retour de la géopolitique », science un temps mise à l’index car sentant le soufre. Il analyse les éléments de notre message diffusé à travers le vaste monde à partir du lointain héritage chrétien. Il relativise au passage la notion un peu galvaudée d’« exception française » qui ne traduit le plus souvent qu’une simple lecture particulière des événements et il accorde une large place à la composante maritime. Sans le deuxième porte-avions, point de salut !
Après ces considérations fondées, sensées, mais finalement assez communes, le chapitre intitulé « l’heure des choix », clair et bien charpenté, nous a paru constituer l’apport essentiel à retenir de ce petit livre. Y sont présentées quatre pistes qui, selon Hubac, sont en mesure de guider une action raisonnablement ambitieuse. D’abord, l’Europe, bien sûr, mais faut-il dramatiser comme ici (et dans beaucoup d’autres publications) le résultat négatif d’un fameux référendum, au point de parler d’« image politique désastreuse », alors même qu’on admet un peu plus loin qu’une majorité de votants s’est contentée en l’occurrence de « manifester un mécontentement de la politique intérieure » ? Suit le renforcement du lien transatlantique, à propos duquel il serait idiot (sic) de « poursuivre une opposition systématique ». On notera ici une certaine réticence devant notre refus, fidèle au style gaullien, de participer à l’expédition irakienne de 2003. Quant à la francophonie, son succès dépend d’un effort financier sérieux, même si l’on ne peut rien contre l’envahissement inexorable de l’anglais. Enfin figure dans la panoplie le souhait de création d’un think tank bien de chez nous, évitant la dispersion des recherches et des chercheurs ainsi que les « luttes intestines et freins corporatistes ». Sur ce dernier terrain qu’il paraît bien connaître, Olivier Hubac est particulièrement à l’aise et formule des propositions précises.
Terminons sur un vœu. Serait-il possible que nos auteurs se dispensent de l’inévitable référence à l’inusable Sun Tse ? Au moins, changeons de chinois, il n’en manque pas ! ♦