Après une analyse de l’évolution géopolitique du monde, Aymeric Chauprade évoque les menaces les plus probables auxquelles la France doit se préparer et plaide pour qu’elle conserve et développe ses forces de projection de puissance.
La projection de puissance : un atout pour la France
Power projection: an asset for France
Following an analysis of geopolitical developments in the world, the author evokes the most likely threats that France must be prepared to face and argues that it should maintain and develop its power projection forces.
La problématique actuelle des guerres occidentales est celle des « guerres au sein des populations » (1), face à des ennemis essentiellement asymétriques, comme en Afghanistan ou en Irak après la chute rapide des États taliban et baathiste. La raison essentielle en est l’asymétrie de puissance entre des acteurs censés être symétriques, à savoir les États.
Dans la décennie qui a suivi la chute de l’URSS, et donc l’éclipse géopolitique momentanée de la Russie, le déséquilibre entre le potentiel militaire des États-Unis d’une part, et des États de taille moyenne, comme l’ex-Yougoslavie ou l’Irak baathiste, d’autre part, n’a pu être compensé par un soutien de taille. L’Amérique a lancé les guerres qu’elle pouvait mener tant que la Russie était faible et que la Chine n’était pas encore suffisamment forte pour modifier les rapports de force mondiaux. Cette situation de prééminence a fait illusion auprès de nombreux experts ; ils ont cru que le monde des conflits interétatiques était derrière nous et que se substituait à celui-ci un monde « d’États faillis », « gendarmés » par des contingents dont les gouvernements occidentaux attendaient tout, jusqu’à l’installation de la démocratie dans des cultures qui ne l’avaient jamais connue. D’autres raisons sans doute expliquent le fait que notre littérature stratégique est envahie de cette idée de la disparition des conflits interétatiques :
– la mémoire encore fraîche de la guerre froide qui, grâce à la dissuasion nucléaire, aux guerres industrielles interétatiques de haute intensité a substitué des conflits de basse intensité, par l’intermédiaire de guérillas pro-occidentales ou pro-marxistes ;
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