La nature protéiforme des conflits modernes a donné naissance au développement de typologies principalement articulées autour de la différence faite entre la crise et la guerre. Elles laissent le champ ouvert à la constitution de forces aux effectifs réduits et dotées d’équipements moins performants adaptés aux types d’engagements retenus en programmation. Ce procédé spécieux ignore dangereusement le caractère global du conflit qui reste la base de toute réflexion et décision sur la nature et l’équipement de forces armées efficaces.
L'unicité du conflit armé
The oneness of armed conflict
The protean nature of modern conflict has given rise to the development of typologies mainly constructed around the distinction made between crisis and war. This opens the way to the forming of forces of small size with lower performance equipment adapted to the type of mission envisaged in forward planning. This specious process dangerously overlooks the comprehensive nature of conflict, which remains the basis for thinking and decisions on the composition and equipping of effective armed forces.
« Au moment où le monde devient de plus en plus dangereux… l’armée française (doit être en mesure) de faire face à des conflits plus durs et plus importants » (1).
Devant la nature protéiforme des conflits modernes, des experts, pour l’essentiel anglo-saxon, ont tenté de mettre un peu d’ordre, rassurant et simplificateur, dans le foisonnement des agressions surgies après la parenthèse de la guerre froide. À cet effet, ils ont développé des typologies de conflits qui sont principalement articulées autour de la différence qui est faite entre la crise et la guerre ; mais aussi en fonction de l’inégalité, avant tout technologique, des capacités des adversaires. Ce qui se traduit par la notion de symétrie ou d’asymétrie dans les techniques et les modes de confrontation. Si ces clarifications répondent à une volonté de mise aux normes pour une compréhension plus facile par tout un chacun du déroulement des conflits armés, elles facilitent aussi, en leur fournissant les outils conceptuels indispensables à leurs entreprises, les démonstrations et les objectifs de deux courants de pensée très actifs quand il s’agit de définir les grands équilibres qui doivent être retenus dans l’architecture des forces armées.
Le premier en tient pour la spécialisation de forces légèrement équipées. Elles sont censées répondre aux crises, qui sont désormais les seules épreuves de force raisonnablement envisageables et acceptables sur notre « village planétaire ». La lutte contre le terrorisme, rebaptisée « guerre » pour en faciliter la dramatisation ne pouvant en constituer que l’acmé du moment. Ce schéma est évidemment le favori des tenants du mercantilisme et de la mondialisation ; mais il est surtout celui des gestionnaires qui trouvent là un sérieux appui à leur sens de l’économie des deniers publics.
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