Que serait la bataille ?
Dans une série d’articles parus depuis moins d’un an, le général Gérardot a exposé sa manière de voir sur la défense de l’Europe Occidentale, et s’est fait l’avocat passionné de la primauté des Forces aériennes dans la bataille moderne. Pour lui, cette primauté s’exprime par deux idées fondamentales : il faut gagner la bataille aérienne pour gagner la guerre, et cette bataille, dans le temps, doit être livrée la première. C’est seulement après avoir remporté la victoire des Ailes que l’on envisagera la coopération avec les troupes qui combattent à terre.
Tout en reconnaissant formellement la valeur du premier principe, la nécessité absolue pour vaincre d’être maître de l’espace aérien, nous pensons (1) que la bataille étant une, ne saurait être décomposée en phases chronologiques adaptées au temps et aux trois armées, que les réactions des trois domaines : aérien, maritime, terrestre, les uns sur les autres sont telles, que nous ne sommes pas assurés d’avoir le temps de gagner la bataille aérienne avant que l’ennemi n’ait eu le loisir de mettre à mal nos forces de mer et de terre, ce qui entraînerait, ipso facto, la ruine des forces aériennes.
C’est donc dans cet esprit, et après avoir brièvement examiné les conditions de la guerre moderne, ses aspects nouveaux, si proches pourtant dans leur essence des aspects de la guerre dans tous les temps, que nous examinerons les idées exprimées par le général Gérardot, et que nous essaierons de montrer qu’il ne nous paraît pas encore possible avec les moyens dont disposent les hommes pour se battre, de dissocier présentement les deux batailles : celle qui se livre sur la surface du globe terrestre et celle qui se livre dans les airs.
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