Aux origines du patriotisme français
Le patriotisme est pour nous une idée claire ; elle implique la notion d’un territoire défini par les frontières politiques de notre pays et l’intelligence de la solidarité des hommes qui l’occupent ; elle est faite des souvenirs de notre histoire et, pour l’avenir, de la volonté de continuer à régler nos destins nous-mêmes, entre nous. Notre terre, nos traditions, nous savons que nous les avons reçues de nos pères et nous avons le souci de les transmettre intactes à nos descendants. « Pour que vive la patrie, chaque Français consent à mourir. »
Mais pour être ainsi principe d’action et de sacrifice, l’idée doit être doublée de sentiment. Le sentiment est même l’élément essentiel. L’idée peut n’être pas formulée, le sentiment peut demeurer inconscient, peu importe, pourvu qu’il existe il dirigera et animera l’action.
Le patriotisme français, lit-on dans certains manuels, ne date que de la Révolution française. Sans doute, si l’on entend le patriotisme sous sa forme actuelle, tel qu’il s’exprime depuis les temps de Valmy, du drapeau tricolore et de la Marseillaise. Mais il y eut de tout temps, dans notre histoire, de ces revirements inattendus que l’on a qualifiés de « miracles » : l’épopée de Jeanne d’Arc par exemple ou même, deux cents ans plus tôt, la victoire de Bouvines. Comment les expliquer sinon par l’explosion soudaine d’un sentiment collectif latent qui n’était autre que le patriotisme ?
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