Aux sources officielles de la colonisation française (Tome II 1870-1940)
Aux sources officielles de la colonisation française (Tome II 1870-1940)
Le titre de cet ouvrage peut, à juste titre, paraître connu ; en effet, le droit de suite n’existant plus, il importe de lire le titre complet : Aux sources officielles de la colonisation française (1870-1940) ; c’est donc chez un autre éditeur que l’auteur a dû faire publier le second volet de son triptyque consacré aux sources officielles de la colonisation française.
Si l’éditeur a bien changé, l’auteur, par contre, reste on ne peut plus fidèle à la méthode que nous lui connaissons : pas d’affirmation sans détenir le document, ou tout au mois en donner les références ; et, si besoin, quand il le juge important, en révéler la teneur. Cette période 1870-1940 correspond à la phase de l’expansion maximale de la colonisation française dans le monde.
Dans cet ouvrage en quatre parties, ne portant que sur l’œuvre coloniale de la IIIe République, l’auteur rappelle, textes à l’appui s’il le faut, ce que fut la consolidation de la présence française en Afrique du Nord, puis la traversée de l’Afrique noire d’ouest en est, la pénétration en Indochine dans le but d’atteindre la Chine, l’installation à Madagascar et dans le reste du monde.
Après cette évocation de faits qui s’éloignent chaque jour de nos mémoires et de la mémoire officielle de notre pays, l’auteur insiste, dans une seconde partie, sur la « grande césure », trop oubliée, que fut la grande guerre ; laquelle, selon lui, est à l’origine de la situation que nous connaissons aujourd’hui. La « grande césure, écrit-il, constitue le renversement de la vapeur ».
Les deux décennies qui suivirent la grande guerre, examinées en troisième partie, sont des années « ambiguës », le retour à la normale apparente et une illusion, en dépit de deux grandes manifestations festives. Le résultat est surprenant : ça recommence comme en 14, mais c’est différent.
Dans la quatrième partie, sous le titre « Thématiques », l’auteur analyse ce que la France a fait ou tenté de faire dans ses colonies et territoires sous protectorat ou mandat, et ce dans plusieurs domaines. Comme il le fit pour ce qui fut baptisé « premier tome », il retient : l’organisation administrative, judiciaire, l’état des personnes, l’instruction, la santé, l’outil de production, la défense et la déportation.
En évitant de déflorer ce florilège, notons seulement que l’auteur prend la peine de reproduire le texte complet de loi qui, à quelques jours de la déclaration de la grande guerre, dans les colonnes du journal officiel, établissait en Algérie le nouveau régime des peines de l’indigénat, dont sans doute peu de Français connaissent la teneur…
Rappelons que l’auteur, toujours fidèle à la même méthode, indique, en annexe de la vue d’ensemble, les principaux repères chronologiques de la période, tableau qui aidera le lecteur à mieux situer les faits.
En conclusion de cette présentation très sommaire d’un ouvrage d’une rare intensité, nous ne pouvons que conclure que nous sommes en présence d’un travail de titan ou de bénédictin : la longue liste des textes mis en annexe par chapitre suffit à le montrer. En un mot : un travail colossal qui fait honneur à la France car il tente de faire comprendre comment la colonisation est devenue ce qu’elle fut. ♦