Avec la nomination de Christian Blanc comme secrétaire d’État au Développement du grand Paris le 18 mars 2008, la prise en compte de la réalité de l’agglomération parisienne en tant que telle a quitté le champ du débat d’experts, pour entrer dans celui de la mise en œuvre concrète.
Gendarmerie francilienne et réforme de la sécurité intérieure parisienne
La question se pose de savoir si le grand Paris comprend Paris et sa petite couronne, ou Paris et toute sa couronne. S’agissant de la sécurité intérieure, la question semble tranchée : la Loi d’orientation et de programmation pour la sécurité (Lops) de 1995 donne au préfet de police la responsabilité de la coordination de la sécurité intérieure sur la région Île-de-France. La nouveauté réside dans le fait que cette disposition législative, mise en œuvre avec succès depuis 2000 pour la protection du réseau ferré, entre complètement dans les faits depuis octobre 2007.
Ce contexte institutionnel en pleine évolution constitue sans doute la part la plus spectaculaire des trois défis que la gendarmerie doit relever dans son emploi quotidien : la montée toujours plus marquée de phénomènes de délinquance interdépartementaux voire régionaux ; la volonté de l’État de faire du préfet de police, le préfet de la sécurité en Île-de-France ; enfin, la sophistication croissante de la sécurité intérieure accompagnée d’une forme de « course à l’armement ». L’unité de commandement au niveau des régions économiques et des zones de défense est au cœur de la réforme du commandement territorial de la gendarmerie intervenue le 1er juillet 2005. Elle s’avère particulièrement pertinente aujourd’hui dans un environnement en voie de rationalisation accélérée et dont le caractère technologique est de plus en plus marqué. S’agissant de la Région gendarmerie Île-de-France (RGIF), à la fois région économique et zone de défense, elle constitue une sorte d’échantillon de laboratoire idéal pour observer in vivo les évolutions de la problématique de la sécurité intérieure dans la France du XXIe siècle. Les défis concernant son emploi et ses moyens en RGIF pourraient ainsi donner une assez bonne idée de ce que les autres formations doivent assumer elles aussi, comme de ce qui se profile à l’horizon plus ou moins lointain pour la gendarmerie dans son ensemble.
La révolution administrative que constitue la régionalisation de la sécurité intérieure francilienne pourrait constituer l’amorce d’une évolution plus générale. Cette réforme, en phase avec la réalité européenne, est en fait l’extension d’une expérience réussie pour la sécurisation des flux sur le réseau ferré. Elle est étroitement liée à l’impact de la technologie dans le champ de la sécurité intérieure, que ce soit en termes de nouvelles menaces que de lutte contre celles-ci. La gendarmerie semble plutôt bien placée pour relever les défis qui résultent de l’évolution institutionnelle comme de la part plus grande prise par la technologie dans l’exercice de son métier.
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