Après avoir rappelé l’histoire de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD), très marquée par la stratégie américaine et celle de l’Alliance atlantique, l’auteur en dresse le bilan à la veille du 10e anniversaire du Sommet de Saint-Malo. À l’heure des choix, quatre options restent ouvertes à l’UE : une armée européenne, une défense commune, un Schengen de la défense, ou un partage des tâches avec l’Otan et les États-Unis.
Bilan et perspectives de la PESD (1998-2008)
ESDP: assessment and prospects (1998-2008)
After a brief history of European Security and Defence Policy (ESDP), which was much influenced by American strategy and that of the Atlantic Alliance, the author looks at the current state of European defence in the run-up to the tenth anniversary of the St-Malo summit. At a time when choices have to be made, four options are open to the EU: a European Army, a common defence, a ‘defence Schengen’ and a sharing of tasks with NATO and the United States.
« Si l’Europe ne parvient pas à accroître fortement son potentiel de défense collectif dans les prochaines années, cela aura un impact profondément négatif sur l’aptitude à protéger ses intérêts, la viabilité de l’Otan en tant qu’alliance et la possibilité d’un partenariat significatif avec les États-Unis », note un rapport du Centre pour les études stratégiques et internationales (CSIS) en 2005 (1). La réalité d’une défense européenne autonome s’impose comme une nécessité stratégique. C’est également la condition sine qua non pour que l’Europe parvienne à s’imposer sur la scène internationale comme une puissance à part entière. En somme, pas de politique étrangère commune sans défense européenne crédible.
Il est donc légitime de s’interroger sur la situation actuelle de la défense européenne. Pour éclairer cette problématique, il convient d’observer quelles ont été depuis dix ans (Sommet de Saint-Malo) les principales orientations, et les réalisations, de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD). Il convient également de s’interroger sur son devenir et les nouveaux enjeux qui s’offrent à une Europe confrontée aux défis d’un environnement international menaçant.
Dix ans de PESD
Saint-Malo
C’est le Sommet franco-britannique de Saint-Malo, en décembre 1998, qui marque l’acte fondateur de la politique de défense européenne. À l’époque, la Grande-Bretagne qui s’était résolument tenue à l’écart de l’Europe monétaire exprimait la volonté compensatoire de faire un pas en direction de l’Union. Cela explique l’entente conclue entre Tony Blair et Jacques Chirac, pour la première fois en accord sur le fait que « l’Union doit avoir une capacité autonome d’action, appuyée sur des forces militaires crédibles, avec les moyens de les utiliser… afin de répondre aux crises internationales » (2). L’essentiel était dit, du maintien des « engagements de défense collective » des États membres, au recours aux « moyens nationaux et multinationaux extérieurs au cadre de l’Otan ». La coopération franco-britannique reposait sur une logique directrice qui était celle de « l’autonomie » militaire de l’Europe, dotée d’une force militaire d’intervention et d’une capacité de gestion des crises, distincte de celle de l’Otan. De ce point de vue, le rapprochement britannique constituait une vraie rupture stratégique pour Londres, et augurait de la réussite du projet.
Il reste 87 % de l'article à lire
Plan de l'article