Dans un environnement international où les menaces sont de plus en plus globales, la notion de défense nationale n’est plus ce qu’elle était. Une défense qui se veut de plus en plus vague et élargie se fait aujourd’hui voler la vedette par l’idée de sécurité nationale : on parle alors de « continuum défense-sécurité ». Le « capharnaüm français » interministériel très cloisonné doit s’adapter à cette nouvelle notion de défense, composante de la sécurité elle-même. Cependant, loin de dénaturer la traditionnelle fonction de défense le renouveau de l’idée de puissance fait aller la sécurité de pair avec la mission de défense des armées.
Défense versus sécurité nationale
Defence versus national security
In an international environment where the threats are increasingly global, the idea of national defence is not what it used to be. A notion of defence that is meant to be increasingly vague and wider is today overshadowed by the idea of national security, and one talks of the ‘defence-security continuum’. The highly compartmentalised ‘French Capharnaum’ of government departments must adapt to this new notion of defence as a component of security itself. However, far from changing the traditional function of defence, the renewal of the idea of national power can only reinforce the importance of the Armed Forces’ defence mission.
Au moment où notre pays s’est engagé dans une réflexion approfondie sur notre politique générale de défense, avec les travaux de la commission sur le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, il peut sembler judicieux de se pencher sur les termes mêmes qui sont à la base de cette réflexion, qu’il s’agisse de défense, de défense nationale ou globale, de sécurité intérieure, extérieure, nationale ou internationale. Comme l’énonce en effet M. Jean-Claude Mallet, Conseiller d’État et président de cette commission, « la politique de défense et de sécurité nationale doit reposer sur des concepts accessibles à tous » (1).
Notre concept de défense nationale, défini il y a bientôt cinquante ans, a subi, non sans dommages, l’épreuve du temps et des faits, et sa pertinence face au caractère de plus en plus prégnant du concept de sécurité s’est amoindrie. Davantage qu’un continuum entre ces deux notions, source de confusions plus que de solutions, c’est une nouvelle relation de subordination qui semble désormais s’établir entre elles, une relation riche d’enjeux et de synergies pour l’organisation et les moyens de notre nation, mais aussi à l’origine de problématiques nouvelles liées aux intérêts de puissance.
Ce sont ces évolutions complexes que nous examinerons tour à tour.
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