Le président de la République vient de communiquer récemment à la nation et aux armées ses directives en matière de sécurité et de défense via la publication du Livre blanc, exercice rituel et solennel dans la Ve République. Le but de cet article est de tirer des conséquences de certains de ses choix, en particulier d’appeler l’attention sur quelques enjeux concernant la nouvelle fonction : « connaissance et anticipation ». Pour reprendre en effet une expression de l’Église catholique, elle même héritée de la Rome antique : « Rome a parlé, la cause est entendue ». Le temps, maintenant, est celui de la mise en œuvre des orientations données, car tout n’est pas écrit et il appartient aux armées de bien savoir appliquer ce qui leur est prescrit.
La priorité donnée au renseignement par le Livre blanc
The priority given to intelligence in the White Paper
With the publication of the White Paper, a solemn rite under the Fifth Republic, the President of the Republic recently communicated to the nation and the Armed Forces his directives on security and defence. The aim of this article is to look at the consequences of some of his choices, and in particular to draw attention to some of the issues regarding the new function ‘knowledge and anticipation’. To quote St Augustine, ‘Rome has spoken; the case is concluded’. The guidelines have been laid down, and it is now up to the Armed Forces to follow them and, as the details are not spelt out, to interpret them effectively.
Dans un environnement qui répugne de plus en plus à l’emploi de la force armée par nos soldats, où l’enveloppe budgétaire est stabilisée, que peut faire le militaire pour le succès des armes de la France, selon la formule rituelle ? Nous proposons de répondre en substance : comme avant dans le fond, mais avec des modalités profondément modifiées, ou, pour reprendre la phrase célèbre du prince Salina dans Le Guépard : « Il faut que tout change pour que tout continue ».
Ce principe général parcourt le Livre blanc, que le rédacteur ne cherchera pas à résumer ni même à commenter dans son ensemble, ne prétendant pas rivaliser avec la réflexion riche et approfondie qu’il révèle. Il s’arrêtera seulement sur la fonction connaissance et anticipation, notamment sur la place éminente accordée au renseignement. La visite du Président aux installations de la Direction du renseignement militaire (DRM) à Creil le 17 juin 2008, dans la suite immédiate de son discours aux armées à la Porte de Versailles, en a été la confirmation symbolique.
Cette priorité est, en effet, juste et logique. Si nos forces restent dans un volume limité, si l’on rejette le combat en général, et si l’on veut contenir l’engagement armé lorsqu’il est devenu inévitable au minimum de violence nécessaire, afin d’en contenir les effets collatéraux, tout en offrant à la capacité militaire engagée — toujours réduite — le maximum d’efficience, alors cela ne peut se faire sans le développement résolu de notre capacité de renseignement. Ce n’est pas vraiment le « muscle » de Goliath qui compte aujourd’hui, c’est le jugement de David et la précision de son armement, au service d’une juste cause.
Il reste 89 % de l'article à lire
Plan de l'article