Quel message retenir après une première analyse des récents événements en Géorgie de début août 2008 ? Il ne sera pas le même, suivant que l’on est Géorgien ou Russe, cela paraît évident. Comment réagir, en ce début de XXIe siècle et en tant qu’acteur international, face aux violences et au recours à la force militaire aux marches de l’Europe ? Comment mieux appréhender notre futur, rôle dévolu à la stratégie, plutôt que réagir et s’enfermer dans les clichés connus de la « guerre froide » ?
Événements en Géorgie : surprise stratégique ou défi stratégique ?
Events in Georgia: strategic surprise or strategic challenge?
After a preliminary analysis of events in Georgia in early August 2008, what message are we getting? According to whether you are Georgian or Russian it will obviously not be the same message. But how are we to react, in this early part of the twenty-first century, as a player on the international scene, in the face of violence and military force on Europe’s boundaries? Rather than simply reacting to events and trotting out the old Cold War clichés, how can we better apprehend our future and the role of strategy in it?
Le 7 août 2008 nous nous sommes réveillés, soudain et avec le bruit des chars à nos portes ! En plein été (dans l’hémisphère Nord), au moment où commence la fête mondiale du sport, en cette année olympique, nos médias se sont à nouveau fait l’écho des combats et des violences à nos marches. Finis les commentaires estivaux et de gloire sportive ? Toutefois, l’activité dynamique militaire cessa rapidement. Par pression politique internationale, par faute de combattants, parce que les objectifs étaient atteints ? Nous ne savons pas encore pourquoi. Et comme toujours, en ces périodes troubles où des milices ont toute liberté pour opérer, a fortiori quand il n’y a plus de pouvoir réel sur place et que les médias sont exclus de la zone, le temps s’arrête et le cours de l’histoire hésite. Cela peut-il se reproduire ailleurs, près de l’Europe ou plus loin, et si oui, où donc ? Avons-nous été surpris ? Bien sûr, l’avenir nous le dira.
Depuis la fin des opérations militaires de combat dans les Balkans, il y a presque dix ans, et la pacification fragile, une telle action militaire semblait improbable, pour ne pas dire impossible, dans le théâtre euro-atlantique. Pourquoi l’histoire, que l’on nous a décrite « arrêtée », s’est-elle une fois de plus « remise en marche » ?
L’Union soviétique a disparu de la carte, son empire a tremblé et de larges pans s’en sont détachés, effrités sur le pourtour, pour s’isoler ou choisir d’autres alliances, et la bipolarité « Est-Ouest » s’évapora. Ainsi s’est évanoui ce qui fut considéré comme la cause permanente d’un conflit potentiel en « Occident » durant toute la seconde partie du XXe siècle. La Russie, d’abord en désordre, a tenté de reprendre une place honorable dans le concert des nations. La richesse lui est revenue grâce à l’importance de l’empire énergétique que recèle son sous-sol. L’Europe allait connaître enfin un siècle de paix, de stabilité et de prospérité. Nous avons aussi cru que nos frontières n’étaient plus menacées !
Il reste 86 % de l'article à lire