Emblématique d’une stratégie militaire pour la France et pour l’Europe, nécessairement à dominante spatiale et maritime pour répondre aux défis du XXIe siècle, l’enjeu du porte-avions reste généralement incompris à l’intérieur de l’appareil de défense français. Les raisons avancées pour le report du PA2 ne sont pas les raisons de fond. Un ressaisissement est nécessaire pour préparer l’échéance de 2011 et éviter de répéter la même erreur.
Porte-avions numéro 2 : le coup, et non le coût, de la ligne Maginot !
The second aircraft carrier: a second Maginot line?
Symbolic of a military strategy for France and Europe that will necessarily put the accent on space and the oceans to meet the challenges of the twenty-first century, the question of aircraft carriers is still generally misunderstood within France’s defence community. The reasons put forward for deferring a decision on the second carrier are not the fundamental ones. This issue has to be revisited to prepare for the decision in 2011 and avoid making a mistake like the decision on the Maginot Line.
En quelques mots, anticipant sur la parution du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, le président de la République a tranché provisoirement la question du PA2 lors de son interview sur RTL fin mai : pas de décision avant 2011-2012, soit à la fin de son mandat. Un non-choix qui en est un, celui de prolonger une impasse stratégique qui ressemble à celle qui fut faite sur la ligne Maginot.
L’incohérence des choix stratégiques est hélas récurrente dans l’histoire de France. Ses conséquences en ont été souvent tragiques. La ligne Maginot vilipendée après la guerre, discutable dans sa philosophie défensive dès lors que la France s’était engagée à défendre les nouveaux États d’Europe centrale et qu’étaient apparus les chars et les avions, ne le fut guère au moment de sa conception et de sa réalisation. Elle constituait fondamentalement une faute stratégique parce qu’elle ne couvrait pas la frontière nord-est jusqu’à la mer du Nord. L’hypothèse de son contournement ne paraissait pas envisagée. On sait ce qu’il en est advenu.
Aujourd’hui la France possède un groupe de bâtiments autour du porte-avions Charles-de-Gaulle qui constitue le groupe aéronaval. Il participe de la dissuasion nucléaire dont la permanence est essentielle. Le bon sens et la logique stratégique auraient commandé que cette permanence existât dans les années passées récentes, et soit assurée dans l’avenir au moment où se dessine une importante réforme de notre défense. Elle impliquait la construction d’une deuxième plate-forme capable de mettre en œuvre un seul et même groupe aérien, existant déjà et en cours de modernisation grâce au programme Rafale.
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