Otan
La France joue déjà un rôle de premier plan dans une Otan profondément transformée. Sa participation pleine et entière aux structures de l’organisation aurait avant tout une signification politique vis-à-vis de ses partenaires, en vue de démontrer la complémentarité entre l’Alliance et le développement d’une politique européenne de sécurité et de défense qui reste toujours notre objectif prioritaire. Le débat sur la modification de notre positionnement ne doit cependant pas occulter les enjeux majeurs portant sur la nécessaire clarification des missions de l’Alliance et sur sa capacité à faire face aux actuels défis de sécurité. Lire les premières lignes
France-Otan, les sujets demeurent : Europe et Atlantique, indépendance et solidarité ; mais le contexte a changé. Quelles conséquences pour la France ? L’Otan, avec qui, pour quoi faire ? Rentrer dans l’organisation militaire intégrée servirait-il ou desservirait-il l’Europe de la défense ? Le problème général des relations franco-américaines n’est pas celui de l’Otan. Sauvegarder en tout cas notre indépendance, fondement aux yeux du monde de notre politique étrangère depuis un demi-siècle.
Le plus grand sommet de l’Otan s’est tenu à Bucarest en avril 2008. À l’occasion de son discours d’ouverture, le président Bush a rappelé que l’entrée de l’Ukraine et de la Géorgie dans l’Otan était une priorité de Washington. Par une action conjointe franco-allemande concertée avec Moscou, Kiev et Tbilissi se sont pourtant vus refuser le statut de candidat officiel. Il s’agit là d’un événement historique illustrant le déclin géopolitique relatif des États-Unis.
L’Alliance a vécu une année 2008 assez difficile : si le Sommet de Bucarest a été satisfaisant, avec notamment l’adoption d’un engagement pour l’Afghanistan, la guerre en Géorgie a remis en cause un équilibre instable : non seulement par ses répercussions sur la dynamique d’élargissement, mais aussi sur des dossiers comme le bouclier antimissiles, voire le Kosovo. Quant à la France, elle poursuit son chemin de rapprochement et son débat de défense s’articule autour de l’Otan.
Maintes fois vouées à figurer parmi les reliques de la guerre froide, l’Alliance atlantique et l’Otan demeurent pourtant la pierre angulaire de la sécurité européenne. Le maintien de la plus grande alliance militaire du monde s’est néanmoins opéré au détriment de plusieurs de ses atouts : la cohésion de ses membres, la cohérence de ses objectifs et la connaissance de ses limites d’action. Au lendemain du Sommet de Bucarest et quelques mois avant le 60e anniversaire de l’organisation atlantique, un état des lieux des perspectives et défis à venir peut s’avérer salutaire.
L’Otan a pâti de la guerre de Géorgie, qu’elle a indirectement provoquée et à laquelle elle n’a apporté aucune solution. Dès lors, l’affaiblissement américain et la relecture de l’article 5 ont remis au goût du jour le débat sur le découplage transatlantique, même si le mot a été rarement prononcé. Elle est donc obligée de jouer un jeu en demi-teinte, dans lequel elle a finalement peu d’initiatives.
Entre 2007 et 2008, le projet d’installation d’une défense antimissiles de territoire en Europe a changé de nature et de degré. De nature, car désormais le système américain, accepté par la Pologne et en République tchèque, semble devoir faire partie intégrante de l’architecture européenne future, ce qu’a confirmé le Sommet de l’Otan de Bucarest en avril 2008. De degré, car cette politique du fait accompli, que les Européens non coordonnés n’ont su infléchir, envenime un peu plus des relations déjà très tendues avec la Russie. Dans la perspective du Sommet de Strasbourg en 2009, cet article aborde la façon dont l’Europe pourrait utiliser l’Otan pour recentrer le débat antimissiles, en s’investissant au plus haut niveau dans l’architecture intégrée en préparation, de manière à faire correspondre le projet, désormais incontournable, avec ses propres intérêts.
Le paysage nucléaire américain en Europe pourrait être modifié dans les prochains mois. Des signes avant-coureurs existent et les implications d’une nouvelle posture stratégique seront majeures pour les Européens autant que pour la visibilité de la force de dissuasion française. Reste que la crise géorgienne, les tensions iraniennes, la musculation russe et le discours de l’Otan pourraient affaiblir l’hypothèse d’un retrait partiel sinon complet des bombes américaines B-61 dans le cadre du 60e anniversaire de l’Alliance en avril 2009.
Dans l’organisation complexe qu’est l’Otan, le rôle de ses agences est discret mais essentiel. Exceptions dans les structures de coopération de l’Otan, elles ont pris finalement plus d’importance que les structures classiques. Ces agences ont forgé des outils efficaces, y compris pour les opérations militaires, dont ni le siège de l’Otan, ni les capitales n’ont le sentiment de toujours en contrôler parfaitement la marche. Lire les premières lignes
Alors que la campagne présidentielle américaine entre dans sa dernière ligne droite dominée par la crise financière internationale, d’autres enjeux nous intéressent. En politique étrangère, les candidats des deux grands partis se sont exprimés sur le lien transatlantique. L’Otan et l’Europe sont concernées par ce débat et il semble opportun d’envisager, voire d’anticiper, le résultat de ces élections qui pourraient apporter des évolutions significatives pour les relations entre les États-Unis et l’Europe.
Repères - Opinions - Débats
La prolifération des armes de destruction massive se poursuit. Cependant, la défense contre ces nouvelles puissances ne peut être la même que la dissuasion de représailles du temps de la guerre froide. Il faudra mettre en œuvre une stratégie indirecte : la dissuasion de déni, et adapter nos forces et notre posture de défense en conséquence.
Le conflit russo-géorgien est l’occasion de se poser la question du renoncement en politique internationale. Nombreux sont les exemples qui nous montrent qu’une politique d’abandon systématique ne constitue pas le moyen le plus efficace de contrer les empiétements d’une puissance agressive. Plus qu’une politique de simple réaction aux événements, laissant à l’adversaire l’initiative des coups portés, la meilleure parade consiste à anticiper ses actes et y répondre avec courage et détermination.
Faut-il se méfier de l’« hacktivisme » ? Cet article est la synthèse de l’analyse d’un concept né d’un individu qui en quelques semaines a réussi à mobiliser un réseau international de plus de 11 000 militants prêts à toutes les formes d’actions réelles et virtuelles. Entre conviction, manipulation et opportunisme, on s’aperçoit que certaines personnes peuvent en manipuler d’autres pour atteindre et détruire une cible, alors que d’autres encore profiteront de l’opportunité d’une « juste cause » pour se livrer à des activités illicites voire criminelles.
Emblématique d’une stratégie militaire pour la France et pour l’Europe, nécessairement à dominante spatiale et maritime pour répondre aux défis du XXIe siècle, l’enjeu du porte-avions reste généralement incompris à l’intérieur de l’appareil de défense français. Les raisons avancées pour le report du PA2 ne sont pas les raisons de fond. Un ressaisissement est nécessaire pour préparer l’échéance de 2011 et éviter de répéter la même erreur.
La doctrine occidentale évolue vers une présence durable des militaires en opération de stabilisation. Paradoxalement, cette tendance contrevient aux pressions sociétales visant à en réduire la visibilité. La doctrine de « l’anticorps » développée par les dirigeants militaires américains entre 2003 et 2006 a ainsi contribué à l’aggravation progressive des conditions sécuritaires en Irak. De plus, elle pose la question de l’origine de la perception des militaires occidentaux comme « occupants » ou « libérateurs ». Loin d’être un fait immuable et acquis, cette situation peut évoluer rapidement, à condition de penser les conditions de ce changement.
Selon notre thèse principale, la probabilité d’une guerre ou la préservation de la paix dépend aussi des coûts et des gains symboliques associés à l’option « belliqueuse ». Plus l’image de soi des unités politiques est valorisée, plus l’hétérogénéité « idéologique » et le déni de reconnaissance sont forts et plus la probabilité d’une guerre est élevée. La guerre américaine contre l’Irak (2003) en est une illustration parfaite. L’image idéalisée de la Nation (phare des libertés mondiales) rendait les autorités américaines vulnérables aux provocations que Saddam Hussein n’a pas manqué de faire, notamment au lendemain du 11 septembre. Lire la suite
Les restructurations annoncées dernièrement portent en elles une nouvelle vague de concentrations tant territoriales et humaines que fonctionnelles et publiques. Ce nouveau mouvement conforte une tendance structurelle réduisant le militaire à sa fonction de soldat, alors même que cette fonction subit, elle aussi, les évolutions du métier des armes dont la spécificité se retrouve ainsi contestée. Lire la suite
Le 14 octobre 2008, la Marseillaise a été sifflée par une frange hostile du public du Stade de France, en ouverture d’un match de football qui se voulait amical entre les « Bleus » et l'équipe nationale de Tunisie. L’effervescence politique et médiatique a été grande autour de l’événement, qui n’était qu’un triste remake du match France-Algérie de 2001, où l’hymne de Rouget de l’Isle avait été déjà bafoué. Les politiques ont condamné en cœur. Certains éditorialistes ont pris la défense des « jeunes » irrespectueux ; mais s’est-on posé les bonnes questions concernant cet outrage ? Tentative d’éclaircissement…
Chroniques
Bibliographie
Voici un livre épatant. Moins pour la thèse que le titre annonce que pour les « études de cas » qui l’illustrent et qui sont de passionnants témoignages. L’auteur en effet, entré à la CIA en 1953, y a terminé sa carrière, de 1979 à 1984, comme chef des opérations à la Direction Moyen-Orient et Asie du Sud. Lire la suite
Cet ouvrage n’est pas « qu’un livre de plus sur l’Islam », bien au contraire. Alors qu’il y a de plus en plus de spécialistes sur le sujet, l’auteur fait à juste titre remarquer que l’on connaît de moins en moins l’Islam véritable : « On est dans l’à-peu-près le plus total ». Ce livre « réexplique l’islam », et décrit le développement intellectuel, juridique et sociopolitique de la pensée musulmane depuis la naissance de l’islam jusqu’à nos jours. L’auteur démontre ainsi que l’occidentalisation signifierait la perte des valeurs de l’Islam, alors que la tradition islamique s’afficherait en tant que solution aux dérives extrémistes. L’œuvre de Charles Saint-Prot est donc une initiative très audacieuse, qui s’inscrit dès lors dans un dialogue inter-cultures indispensable. Lire la suite
Les ouvrages pessimistes sur les Balkans sont trop nombreux pour qu’on ne salue pas la publication d’un récit enthousiaste sur le maillon faible de cette région : la Bosnie-Herzégovine. On doit ce récit plein d’entrain à une jeune femme de vingt-trois ans, Aurélie Carbillet, qui s’est rendu à quatre reprises en Bosnie-Herzégovine et en a tiré des observations judicieuses sur la capitale bosnienne sortie exsangue de l’avant-dernière guerre yougoslave (1991-1995). Lire la suite
La Corée du Nord n’est pas Virginia Woolf, Claude Helper ne remplace pas Albee et son ouvrage (paru dans la collection « Points sur l’Asie ») ne vise pas la simple vulgarisation, dans la mesure où il décrit les événements par le menu et les protagonistes avec la finesse d’un psychologue. Lire la suite
Au fil de l’histoire militaire, François Broche passe de l’universel au particulier. Après la magistrale trilogie par laquelle il décrivit, en ouverture du présent siècle, les tribulations de l’armée française durant la Seconde Guerre mondiale, il braque cette fois sa loupe sur Bir Hakeim (qui n’est pas seulement une station de métro ou un pont sur la Seine). Après une utile présentation du théâtre et des allers et retours qui ont caractérisé la campagne nord-africaine des années 1940-1942, il conte ce mémorable épisode en cinq actes, la relation de chacun étant divisée en quelques brefs épisodes. Lire la suite
NATO
France already plays a leading role in a vastly changed NATO. Its full participation in the Organization’s structures would above all have a political significance vis-à-vis its partners, aimed at demonstrating the complementarity between the Alliance and the development of European Security and Defence Policy, which is still our priority objective. Yet the debate on changing our position must not obscure the big issues: clarification of the Alliance’s missions and its ability to deal with today’s security challenges.
France-Otan, les sujets demeurent : Europe et Atlantique, indépendance et solidarité ; mais le contexte a changé. Quelles conséquences pour la France ? L’Otan, avec qui, pour quoi faire ? Rentrer dans l’organisation militaire intégrée servirait-il ou desservirait-il l’Europe de la défense ? Le problème général des relations franco-américaines n’est pas celui de l’Otan. Sauvegarder en tout cas notre indépendance, fondement aux yeux du monde de notre politique étrangère depuis un demi-siècle.
NATO’s biggest summit was held in Bucharest in April 2008. In his opening address, President Bush said that NATO membership for Georgia and Ukraine was a priority for Washington. But following a Franco-German move, in consultation with Moscow, Tbilisi and Kiev were denied official candidate status, a historic event illustrating America’s relative geopolitical decline.
For the Alliance, 2008 has been a fairly difficult year: while the Bucharest summit was satisfactory, particularly with the adoption of a commitment to Afghanistan, the war in Georgia put a question mark over an unstable equilibrium because of its repercussions not only on the ongoing process of enlargement but also on issues such as ballistic missile defence or even Kosovo. As for France, it continues along the path of rapprochement and the debate on defence centres around NATO.
Despite often being seen as one of the relics of the Cold War, the Atlantic Alliance is still the keystone of European security. Nonetheless, preserving the world’s greatest military alliance has happened to the detriment of some of its greatest assets: the cohesion of its members, the coherence of its objectives and awareness of its limitations. After the Bucharest summit and a few months from the Atlantic organization’s 60th anniversary, it is useful to take stock of its perspectives and the challenges on the horizon.
NATO has suffered from the Georgian war, which it had provoked indirectly and to which it has not brought any solution. The weakness of the United States and the reassessment of Article 5 have once again given prominence to the debate on Atlantic decoupling—even if that term has rarely been used. The Alliance is henceforth obliged to play a minor role in which, finally, it has few real choices.
Between 2007 and 2008 the plan to install a ballistic missile defence system in Europe changed in both nature and degree. In nature, because now the American system that has been accepted by Poland and the Czech Republic seems destined to be an integral part of the future European architecture, and this was confirmed at NATO’s Bucharest summit in April 2008. And in degree because this policy of presenting a fait accompli, which the uncoordinated Europeans were unable to change, aggravates even more the already very tense relations with Russia. Looking ahead to the Strasbourg summit in 2009, this article asks how Europe could use NATO to refocus the anti-missile debate by becoming involved at the highest level in the integrated architecture being prepared and ensure that the now unavoidable project aligns with its own interests.
The American nuclear landscape in Europe could change in the coming months. The signs are already there, and a new strategic posture will have major implications for the Europeans as well as for the visibility of France’s deterrent force. Nonetheless, the Georgian crisis, tensions with Iran, Russian muscle flexing and NATO’s line cast doubt on the idea that a partial or even complete withdrawal of American B-61 bombs could be on the agenda at the Alliance’s 60th anniversary in April 2009.
In NATO’s complex organization the role of its Agencies is discreet but essential. Initially exceptions to the co-operative structures of NATO, they have finally themselves become more important than these structures. The Agencies have forged some effective tools (including some for military operations), of which neither NATO HQ nor some national capitals feel that they are fully in control.
Varies
The proliferation of weapons of mass destruction is continuing. However, defence against WMD states cannot be the same as the deterrence by retaliation of Cold War days. An indirect strategy is now called for—deterrence by denial—and this means our forces and force posture will need to be adapted.
The Russo-Georgian conflict has served to raise the question of irresolution in international politics. Many examples show that a policy of systematically giving up is not the most effective way to counter encroachment by an aggressive power. Rather than a policy of simply reacting to events and allowing an adversary the initiative to deliver blows, the best riposte is to anticipate his actions and meet them with courage and determination.
Should we be worried about ‘hacktivism’? This article offers a brief analysis of a concept that was the brainchild of an individual who, in just a few weeks, mobilised an international network of more than 11,000 militants prepared to take action in both the real and virtual worlds. With a mix of conviction, manipulation and opportunism, it is clear that individuals can influence people to strike at and destroy a target, while others will adopt a timely ‘just cause’ to embark upon illicit or even criminal activities.
Symbolic of a military strategy for France and Europe that will necessarily put the accent on space and the oceans to meet the challenges of the twenty-first century, the question of aircraft carriers is still generally misunderstood within France’s defence community. The reasons put forward for deferring a decision on the second carrier are not the fundamental ones. This issue has to be revisited to prepare for the decision in 2011 and avoid making a mistake like the decision on the Maginot Line.
Western doctrine is developing into one where military forces maintain a long-term presence in stabilisation operations. This trend would seem to be counter to pressure from society to reduce the visibility of the military. The antibody doctrine, developed by US military leaders between 2003 and 2006, contributed to the progressive deterioration of security conditions in Iraq and moreover begs the question as to whether Western military forces are seen as occupiers or liberators. Far from being entrenched, the impression can be quickly changed, as long as the conditions of such change are well thought out.
This argument on the symbolic origins of the US war against Iraq does not claim that all wars are now down to a determination not to lose face. A desire for gratitude may be the main reason why a war (like the American war against Taliban-ruled Afghanistan) is sparked off, or a secondary factor that merely serves to justify it. However, even in the latter case, the minimal desire for gratitude may be an obstacle in the way of starting a war for profit. There is little doubt that it took 11 September and the refusal of the Iraqi authorities to cooperate fully with the IAEA inspectors for the hawks in the Bush administration to be able to push the option of war against Iraq effectively
The recently announced defence restructuring measures constitute a new wave of consolidation on the human and territorial levels, as well as in terms of functions and the effects on the public. This new process forms part of a tendency of reducing the military to its function of basic soldiering, at the same time as this function itself is subject to changes. The particularity of the profession of arms thus finds itself under discussion. War is now far-off and localised: it poses risks of course, but not threats. The reduction of the military to its ‘core business’ implies a dismembered institution. Ultimately, this is a process leading to the ‘dumbing down’ of the military, its condition, its world, its ethos; and hence possibly to a trivialised defence.
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