Entre 2007 et 2008, le projet d’installation d’une défense antimissiles de territoire en Europe a changé de nature et de degré. De nature, car désormais le système américain, accepté par la Pologne et en République tchèque, semble devoir faire partie intégrante de l’architecture européenne future, ce qu’a confirmé le Sommet de l’Otan de Bucarest en avril 2008. De degré, car cette politique du fait accompli, que les Européens non coordonnés n’ont su infléchir, envenime un peu plus des relations déjà très tendues avec la Russie. Dans la perspective du Sommet de Strasbourg en 2009, cet article aborde la façon dont l’Europe pourrait utiliser l’Otan pour recentrer le débat antimissiles, en s’investissant au plus haut niveau dans l’architecture intégrée en préparation, de manière à faire correspondre le projet, désormais incontournable, avec ses propres intérêts.
L'Otan et le bouclier antimissiles
NATO and the anti-missile shield
Between 2007 and 2008 the plan to install a ballistic missile defence system in Europe changed in both nature and degree. In nature, because now the American system that has been accepted by Poland and the Czech Republic seems destined to be an integral part of the future European architecture, and this was confirmed at NATO’s Bucharest summit in April 2008. And in degree because this policy of presenting a fait accompli, which the uncoordinated Europeans were unable to change, aggravates even more the already very tense relations with Russia. Looking ahead to the Strasbourg summit in 2009, this article asks how Europe could use NATO to refocus the anti-missile debate by becoming involved at the highest level in the integrated architecture being prepared and ensure that the now unavoidable project aligns with its own interests.