Le paysage nucléaire américain en Europe pourrait être modifié dans les prochains mois. Des signes avant-coureurs existent et les implications d’une nouvelle posture stratégique seront majeures pour les Européens autant que pour la visibilité de la force de dissuasion française. Reste que la crise géorgienne, les tensions iraniennes, la musculation russe et le discours de l’Otan pourraient affaiblir l’hypothèse d’un retrait partiel sinon complet des bombes américaines B-61 dans le cadre du 60e anniversaire de l’Alliance en avril 2009.
Vers un retrait des armes nucléaires de l'Otan ?
Moves to withdraw nuclear weapons from NATO?
The American nuclear landscape in Europe could change in the coming months. The signs are already there, and a new strategic posture will have major implications for the Europeans as well as for the visibility of France’s deterrent force. Nonetheless, the Georgian crisis, tensions with Iran, Russian muscle flexing and NATO’s line cast doubt on the idea that a partial or even complete withdrawal of American B-61 bombs could be on the agenda at the Alliance’s 60th anniversary in April 2009.
Le sujet est provocateur, mais l’interrogation reste de mise. D’abord le titre qui a l’avantage d’être ramassé, mais qui ne reflète pas le réel. Les armes nucléaires concernées sont américaines et l’Otan ne dispose pas de la capacité politique effective et collective de son « usage », le dernier mot revenant au pays possesseur. Les accords relatifs à leur stockage et leur sécurisation sont des accords bilatéraux avec chaque pays hôte et tout est organisé afin que le pays qui possède les codes d’armement des charges reste le seul à en avoir la maîtrise totale. Le principe de la double clef étant un garde-fou politique des quelques pays alliés à propos du « prêt » de leur binôme pilote-vecteur aérien dans le cadre d’une possible gesticulation nucléaire, plutôt qu’une sorte de partage des codes.
Les limites sont bel et bien là. Le nucléaire ne se partage pas et la dissuasion dans le cadre de l’Otan est d’abord et avant tout l’adhésion à un langage commun, la réflexion sur l’état de la menace nucléaire dans le monde, l’adoption de procédures et de doctrines d’emploi et la politique nucléaire avec son évolution au sein de l’arsenal de l’allié principal. Pour corser le tout, les politiques nucléaires françaises et britanniques viennent à la fois enrichir cette dialectique et compliquer la perception du principe de crédibilité que peuvent avoir les « adversaires potentiels ». Principe essentiel dans le jeu de la persuasion, sachant que la dissuasion nucléaire est un mode particulier de l’interdiction avec l’équation « intention et capacité » renvoyant au principe du « bluff ».
Les armes nucléaires américaines sur le départ ?
Les armes nucléaires américaines sont-elles sur le départ ? En d’autres termes et plus précisément, les bombes thermonucléaires B-61 à charge variable vont-elles quitter leurs dépôts protégés sous les hangarettes bétonnées (shelters) des chasseurs-bombardiers américains et alliés en Europe ? Allons-nous nous retrouver avec un paysage nucléaire européen occupé par les seules forces nucléaires françaises (SNLE et avions) et britanniques (SNLE), sans parler des forces nucléaires russes ; le potentiel nucléaire américain étant alors furtif (SSBN) ou stocké dans le sanctuaire, pouvant revenir dans le théâtre en cas de crise (stratégie de reconstitution).
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