Étions-nous renseignés en mai 1940 ? (II) Préludes aux agressions
De 1919 à 1933, c’est l’Allemagne du Grand État-major, des associations paramilitaires et des partis nationalistes impénitents, qui absorbe l’attention du « S. R. ». Tâche facile : l’Allemagne, occupée jusqu’en 1930, est une place livrée à toutes les investigations. 2e Bureau et S. R. prennent sans peine le pouls de « l’Allemagne du refus » et avertissent le Commandement français de la reconstruction progressive de sa puissance militaire. Ils en donnent le canevas. Certains bulletins du 2e Bureau de cette époque sont terriblement prophétiques ; ils font reparaître la guerre à nos portes quand les dernières illusions du contrôle s’envolent. Nous savons que l’État-major allemand médite de poser, force en main, la question des frontières (1) quand, en 1933, Hitler prend le pouvoir. Le Führer, annonce le 2e Bureau, va donner à la revendication allemande un tour autrement incisif. Mais, répétons-le, en ce temps-là les secrets allemands couraient les rues.
1933-1934. — Avec Hitler à la barre commence l’ère des possibilités annoncées par le 2e Bureau. Les points d’interrogation surgissent, multiples. Notre S. R., accroché à ses observatoires en péril, enregistre immédiatement l’intention de guerre qui anime les premiers actes hitlériens.
Constatant la véritable mobilisation matérielle et morale qui s’étend sur le Reich et s’empare de sa jeunesse, nos organes de recherche glanent dans les laboratoires, les usines, les chantiers et les camps, les preuves d’une entreprise de restauration totale de l’armée dont Hitler se saisit le 4 février 1934. Les chancelleries s’émeuvent, le monde s’inquiète, certes. Le S. R. fouille la machine de guerre et dénude son détail. Déjà se dégagent de certains renseignements les directions des coups de force à attendre.
Il reste 95 % de l'article à lire
Plan de l'article