La Côte française des Somalis
L’histoire de la colonisation par les Européens des pays riverains de l’Océan Indien ressemble à une série de parties d’échecs qui, depuis des siècles, se jouent entre la Grande-Bretagne et la France. L’enjeu d’une de ces parties était le contrôle de la sortie de la Mer Rouge. La Grande-Bretagne rêvait de s’assurer la main-mise totale sur le détroit de Bab-el-Mandeb. Elle n’y est pas parvenue. La France, en s’établissant à la Côte française des Somalis, en créant et en développant le port de Djibouti, a brisé ce monopole.
La Côte française des Somalis dont l’étendue est de 23.000 kilomètres carrés a des frontières communes avec l’Érythrée, l’Éthiopie et le Somaliland britannique. Depuis l’accord conclu en 1887, les Anglais ne nous chicanent plus sur le tracé de ces frontières. À la suite de travaux pour la délimitation des frontières, une convention franco-éthiopienne a été signée le 5 juin 1947. Mais au moment du bornage, les Éthiopiens ont soulevé de nouvelles difficultés. Il s’agit d’appliquer plusieurs traités qui, d’ailleurs, justifient pleinement le point de vue soutenu par la commission française. Celle-ci n’ayant pas réussi à imposer ses vues en 1947, la convention passée entre la France et l’Éthiopie n’est pas conforme à la thèse française.
L’étude du relief du sol à la Côte française des Somalis n’entre pas dans le cadre de cet article. Bornons-nous à dire que les plateaux de basalte d’origine volcanique et les plateaux de madrépores sont fréquemment entrecoupés par d’énormes fosses. Celles-ci sont tantôt envahies par la mer, comme c’est le cas dans les golfes de Tadjoura et de Gubbet-el-Kharab tantôt remplies d’eau saumâtre ou d’eau de pluie lorsqu’elles ne sont pas à sec. Signalons aussi la présence de nombreux lacs salés dont la superficie diminue d’année en année. Le plus important est le lac d’Assal, situé à faible distance de Gubbet-el-Kharab dont la partie occidentale n’est qu’un énorme banc de sable et dont la surface se trouve à 150 mètres au-dessous du niveau de la mer. Cette différence de niveau rend théoriquement possible la création d’une centrale électrique puissante que justifierait seule la présence à la Côte française des Somalis d’importants gisements de cuivre et de manganèse dont des traces ont été décelées par le géographe Aubert de la Rue.
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