La crise des relations franco-chinoises est d’abord due à une extrême sensibilité du Parti Communiste chinois à la question tibétaine. Elle est aussi le résultat d’une longue accumulation d’erreurs de notre politique chinoise, marquée par l’idée fausse d’une connivence sentimentale particulière avec Pékin. Pour éviter que la Chine ne soit le lieu d’autres déceptions à venir, il est temps de se donner les moyens de mieux la comprendre. Surtout les nations européennes devraient s’efforcer d’aborder ce pays, sa puissance, ses fragilités et les défis qu’elle pose, d’une manière cohérente et concertée.
Relations franco-chinoises : grandiloquence et faux-semblants
« Ce qui gène surtout les Européens, c’est l’orchestre fait de fracas, qui souligne et interrompt la mélodie.
Cela, c’est proprement chinois […] Il faut s’y habituer ».
Henri Michaux : Un barbare en Asie
Souvenons-nous : Le 24 janvier 2004 nous étions en plein délire sentimental et festif de l’année de la Chine en France. L’après-midi, les danses du lion à trente têtes, celles du ruban, du tambour et des éventails rouges, derrière un gigantesque poisson rouge, symbolisant la bonne fortune, descendaient les Champs-Élysées en liesse, au son des cymbales et des tambours, dans un Paris repeint aux couleurs de la Chine.
Les années fastes
Les Chinois étaient ravis et rassurés. En Europe, ils avaient un allié de poids qui comprenait bien les ressorts profonds de leur pays, dont le président Chirac s’était fait le héraut depuis de longues années. Sous son influence, Paris avait même commencé d’intercéder auprès de ses alliés de l’UE pour faire lever l’embargo sur les ventes d’armes imposé après le massacre de Tian An Men. Un anachronisme que Pékin ressentait comme une humiliation et une flétrissure incongrue sur son image nouvelle de puissance responsable, s’intégrant pacifiquement au monde.
Il reste 95 % de l'article à lire
Plan de l'article