Le colloque international consacré à « l’Union européenne face au terrorisme » s’est tenu le 2 juin 2008 à l’École militaire, à l’initiative de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). La qualité des interventions et la richesse des échanges nous incitent aujourd’hui à en publier les actes.
Avant-propos
Cette manifestation fut, pour l’IHEDN, une véritable innovation, puisque nous avons désormais choisi de consacrer un colloque annuel à une grande question relative aux questions de défense. Il est en effet dans notre mission d’animer le débat stratégique, et cette journée eut justement pour ambition de réunir non seulement ceux qui réfléchissent sur le terrorisme, mais aussi ceux qui luttent contre lui, tant au plan interne qu’au plan européen. L’IHEDN est donc pleinement dans son rôle, qui est de susciter l’échange, d’être un espace de libre discussion, un forum où peuvent se rencontrer les chercheurs civils et militaires.
Le thème de ce colloque a été inspiré par notre président du Conseil d’administration, M. Olivier Darrason, et cette initiative nous a permis de toucher un sujet qui demeure au premier rang des préoccupations des plus hautes autorités de l’État. Là encore, nous sommes au cœur de la vocation de l’IHEDN, puisque la menace terroriste se situe à l’articulation de la sécurité et de la défense, du civil et du militaire, du national et de l’international, de la prévention et de la réaction.
Les attentats du 11 septembre 2001 ont agi comme un révélateur et un cristallisateur d’une menace qui était, certes, bien antérieure, notamment en Europe, mais qui, pour les États dans leur ensemble, apparaissait à la fois locale et de faible intensité. « Hyperterrorisme », qui a surgi brutalement et massivement, a transformé cette menace et sa perception, de sorte qu’elle est apparue, par la suite et jusqu’à aujourd’hui, comme diffuse dans son origine, indifférenciée dans ses cibles, massive dans ses effets.
Les attentats de Madrid puis de Londres au cours des années récentes ont été comme des rappels de la permanence et de la nocivité de cette menace. L’Union européenne ne les avait pas attendus, pas davantage que ses États membres, pour en prendre la mesure, puis pour développer des éléments de réponses qui leur soient propres, tout en s’inscrivant dans un effort universel. Comment se manifeste la menace pour l’Union européenne et pour ses membres ? Quelles sont les réponses européennes qui lui sont apportées ? Quelles relations l’UE entretient-elle avec d’autres acteurs œuvrant dans la lutte contre le terrorisme ? Comment s’organisent les relations avec les États-Unis dans ce domaine ? Toutes ces questions sont, au cœur des problématiques évoquées dans ce colloque dont nous diffusons aujourd’hui les actes.
Dans tous les cas, ce sujet nous invite, à réfléchir non seulement sur la lutte contre le terrorisme, mais aussi sur l’avenir de l’Europe. La Présidence française de l’Union européenne a montré qu’il s’agissait d’un enjeu majeur. Car il ne faut pas seulement étudier le terrorisme, il faut aussi examiner les réactions qu’il suscite, s’efforcer d’avoir des réponses coordonnées, efficaces mais aussi respectueuses des libertés. La lutte contre le terrorisme doit nécessairement se construire sur des valeurs communes, et n’est-ce pas le principe même de l’Union européenne de développer de telles valeurs ?
À travers ces débats fructueux, on voit apparaître la préoccupation permanente d’ouvrir aux décideurs de nouvelles pistes pour accroître l’efficacité de la lutte contre le terrorisme, mais aussi pour permettre le développement de l’idée européenne.
Cette manifestation était donc au cœur d’une vision non seulement théorique mais aussi opérationnelle de la lutte contre le terrorisme, et qu’il était essentiel que les actes de ce colloque soient diffusés auprès d’un large public. Ce combat n’est-il pas, en effet, celui de chaque citoyen ? ♦