Espace et aéronautique - Ce que dit le Livre blanc
Politique spatiale
Le Livre blanc donne corps à une nouvelle ambition de la politique spatiale de défense et de sécurité de la France et de l’Europe. Il prévoit en particulier le doublement des crédits annuels nationaux consacrés au spatial militaire et à la création d’un commandement interarmées chargé des opérations et programmes spatiaux, placé sous l’autorité du chef d’état-major des armées. L’Armée de l’air verra dans ce cadre ses compétences accrues dans la mise en œuvre des capacités spatiales.
Observer
Les capacités d’observation, indispensables à l’autonomie nationale d’appréciation et de décision, seront pérennisées et modernisées ; une capacité autonome d’observation optique sera acquise dans le cadre du programme européen Musis (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Italie), qui permettra de mettre en commun les capacités européennes d’observation optique et radar tout temps. Cette capacité optique permettant l’identification à très haute, voire extrêmement haute résolution, apportera de précieuses informations, par exemple dans le cadre de la lutte contre la prolifération ou de la lutte antiterroriste.
Écouter
Les capacités d’écoute spatiale permettent de détecter, de localiser, d’identifier et de caractériser les émetteurs radio ou radar, et ainsi de détecter en amont les signes annonciateurs d’une crise, de préparer un engagement militaire, de cibler des objectifs et d’assurer l’autoprotection de nos forces (systèmes de contre-mesure). Aujourd’hui, la France est le seul État européen à faire partie du club très fermé des pays qui maîtrisent la technologie et l’exploitation opérationnelle de ce type d’application spatiale. Elle se dotera de telles capacités opérationnelles au milieu de la prochaine décennie avec le programme Cérès.
Détecter et alerter
Les capacités spatiales de détectionet d’alerte avancées permettront, en complément de radars au sol, de détecter le tir d’un missile balistique pendant sa phase propulsée, juste après le lancement. Elles permettront ainsi desurveiller la prolifération des missiles balistiques, de déterminer l’origine des tirs et de favoriser l’alerte des populations en cas d’attaque. Une capacité de détection et d’alerte des tirs de missiles balistiques sera réalisée d’ici 2020, préparée par la mise en place d’un système probatoire dans le courant de la prochaine décennie.
Communiquer
Par leur couverture élargie et leur flexibilité, les systèmes satellitaires de télécommunications seront au cœur des capacités de soutien des opérations en réseaux, en particulier pour assurer des flux d’informations suffisants entre les centres de décision métropolitains et l’ensemble des forces déployées dans les théâtres.
Naviguer
La radionavigation par satellite revêt une importance stratégique, dans les domaines civil et militaire. Son emploi se généralise à l’ensemble des systèmes d’armes pour le positionnement, le guidage (des missiles de croisière par exemple) et la localisation des troupes sur le terrain (pour limiter les attaques fratricides).
Domaine aéroporté
L’effort portera en particulier sur les drones, aéronefs pilotés à distance, qui permettent d’accéder à la maîtrise de l’information dans les théâtres de crise et de faciliter ainsi l’engagement opérationnel de nos forces. Un système de drone MALE (moyenne altitude longue endurance) devrait être opérationnel au milieu de la prochaine décennie. Il permettra d’acquérir une capacité de recueil de renseignement plus complète que celle proposée aujourd’hui par les drones tactiques. L’effort portera également sur les systèmes de nouvelle génération embarqués sur avion de combat.
Renseignement
Le renseignement d’origine électromagnétique recouvre le recueil, la localisation, l’identification et l’exploitation des émissions électromagnétiques. Il permet de renforcer notre appréciation autonome des situations et d’améliorer l’autoprotection de nos forces. Dans le domaine aéroporté, l’effort concernera en particulier les capteurs embarqués sur avions (successeurs de l’avion Transall Gabriel) et une capacité de drones. Il portera également sur des moyens terrestres (détachements avancés de transmissions, notamment) et navals (bâtiment d’écoute et sous-marins nucléaires d’attaque).
Globalement, la part réservée aux investissements techniques dans les budgets annuels des services de renseignement devra donc augmenter.
Afin de marquer la priorité accordée à l’ensemble des moyens interarmées concourant à la connaissance et à l’anticipation, une planification et une programmation spécifiques en cette matière seront développées par l’EMA.
Modernisation
Le Livre blanc engage la France dans un effort considérable de modernisation des forces armées, qui s’articulera en deux phases sur la période 2009-2025.
Première (2009-2015), « connaissance et anticipation » du domaine spatial : les satellites d’imagerie seront renouvelés et leurs performances considérablement améliorées ; modernisation progressive de l’outil de combat aérien, privilégiant les capacités de pénétration et de frappe en soutien des forces terrestres ; résorption du déficit capacitaire en transport aérien stratégique (A400M, ravitailleurs MRTT, hélicoptères de manœuvre).
Deuxième (2015-2025), effort d’équipement : accélération de la modernisation de l’outil aérien, notamment en nombre d’avions de combat et en drones ; renforcement des capacités de frappe de précision dans la profondeur à grande distance, en quantités significatives et sur plusieurs porteurs (aériens, navals, voire terrestres). ♦