Au moment où les premiers avions Rafale sont livrés, ou modifiés, au standard F3 (dernier standard défini qui apporte d’importantes capacités air-air, air sol/mer et de reconnaissance) à l’Armée de l’air française et à la Marine nationale, il est temps de faire un bilan de ce programme qui a souvent fait parler de lui. Cette période correspond, de plus, aux premiers engagements opérationnels du Rafale sur le théâtre afghan, et également à une promotion d’un avion mature à l’exportation.
Le Rafale : la bonne réponse aux besoins des forces aériennes
Rafale—The right answer to air forces' needs
At a time when the export of Dassault Aviation’s aircraft is being talked about again, the Rafale appears to be unquestionably the right answer to air forces’ requirements. Fitted with constantly evolving equipments, the aircraft represents a universal response to the different problems of interception, deterrence and support that France has to deal with.
L’histoire s’imprime au fil du temps, la relire permet de tuer les idées fausses. En effet, c’est l’État, et non les industriels, par la voix de Charles Hernu, ministre de la Défense, qui a choisi en août 1985 de développer un avion de combat français. La France considérait que les spécifications requises pour le projet de développement d’un avion de combat futur en coopération avec d’autres pays européens ne correspondaient pas à ses propres besoins opérationnels, notamment en matière de polyvalence et de version navale de l’appareil. Il faut savoir que ce choix de développer un avion purement français a été fait alors que Dassault Aviation avait obtenu la maîtrise d’œuvre technique du futur chasseur européen, ce qui était sa demande. Avec ce choix, nos partenaires reconnaissaient l’expertise, inégalée en Europe, du bureau d’études de Dassault Aviation.
La solution nationale répondait au besoin d’un avion omnirôle de la classe des dix tonnes, à vide, susceptible de remplacer l’ensemble des avions en service dans l’Armée de l’air et dans la Marine. La liste de ces avions est longue : Crusader, Super Étendard et Étendard IV P pour la Marine, Jaguar, Mirage F1, M2000 (C, D, N), Mirage IV P pour l’Armée de l’air. Un vrai défi puisque le Rafale doit être capable d’effectuer dans une même mission des actions de supériorité aérienne, frappe air-sol, frappe air-mer, reconnaissance et, bien entendu, de prendre en compte la mission particulière de mise en œuvre de l’arme nucléaire. De plus, le Rafale doit être mis en œuvre à partir d’une base aérienne et d’un porte-avions. Le Rafale a comme ambition de devenir un outil de rationalisation des forces aériennes, idée contemporaine de la dynamique engagée par le ministère de la Défense de rapprochement des différentes armées pour augmenter leur efficacité en opération, tout en maintenant la culture de « milieu ». Cette rationalisation permet de réduire le parc de l’aviation de combat en France de plus de 600 avions en 1995 à 300 avions en 2025. Il faut noter qu’en parallèle, la charge budgétaire du programme Rafale, avion de quatrième génération, restera équivalente à celle traditionnellement réservée à l’aviation de combat. Ce programme s’est appuyé sur le démonstrateur Rafale A, antérieurement commandé, pour valider certaines des dispositions innovantes envisagées pour l’avion de combat futur comme la présence des gouvernes de type « canard ». Le Rafale A fut le dernier prototype que Marcel Dassault, en 1986, put voir assembler dans ses ateliers.
Lancement du Rafale
Le programme Rafale est officiellement lancé en 1988. Les prototypes air (C01 et B01) et Marine (M01 et M02) sont mis en chantier pratiquement en même temps. Cependant, la priorité est donnée au Rafale M pour remplacer les Crusader qui seront les premiers avions à être retirés du service actif. Le calendrier du programme prévoit donc une première mise en service pour la Marine en 1996. Pour proposer une version export au plus tôt, c’est-à-dire en 1996 au lieu de 1998, l’État demande aux industriels (GIE Rafale : Dassault Aviation, Thales, Snecma) de participer au développement du programme Rafale à concurrence de 25 %, soit environ 1,8 Md€. Cette disposition unique en son genre (jamais utilisée ailleurs, notamment aux États-Unis où seul l’État supporte les coûts de développement) ne sera pas couronnée de succès… car l’engagement de l’État n’a pas été respecté ! Les choix budgétaires ont repoussé largement ce calendrier : le premier Rafale de série est livré à la Marine en 2000 (première flottille opérationnelle en 2004) et à l’Armée de l’air (version la plus optimisée pour l’export) en 2006.
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