Études et enquêtes - Marine française et progrès technique
La douloureuse journée du 27 novembre 1942, où une importante partie de la Flotte française se saborda pour ne pas tomber aux mains de l’ennemi et sauver ainsi l’honneur du pavillon, a tourné une page de notre histoire navale. Des esprits chagrins pourraient se demander si elle n’en a pas fermé le livre. Certes de magnifiques faits d’armes ont pu encore s’inscrire pendant la suite des hostilités à l’actif de nos navires et de nos marins, mais, même renforcée de petites unités prêtées ou cédées par nos alliés, même complétée par l’entrée en service du Jean-Bart, un des plus beaux cuirassés du monde, la Marine française d’aujourd’hui est peu de chose à côté de ce qu’elle était en 1939, fruit d’une politique maintenue sans défaillance et d’un effort technique peut-être sans précédent. Et la difficulté extrême rencontrée chaque année pour obtenir des crédits distribués au compte-gouttes ne peut contribuer à donner des perspectives rassurantes d’avenir.
D’un autre côté, un effort considérable a été fait depuis la Libération pour reconstituer notre Marine marchande et l’on peut dire que le résultat est déjà pratiquement atteint. Mais, pour brillant qu’il soit, il ne dispense pas de certaines inquiétudes quant à la possibilité d’une crise, car le tonnage mondial a largement dépassé maintenant sa valeur d’avant-guerre.
Cependant, si l’Union Française veut vivre, il lui faut une Marine marchande et une Marine militaire. Une entente étroite entre producteurs, importateurs, exportateurs, transporteurs et armateurs, devrait pour la première prévenir la crise redoutée (1). Quant à la seconde, souhaitons que le Parlement se rende compte au plus tôt de la nécessité impérieuse de maintenir une Marine militaire digne de la France et capable en tout temps de montrer nos couleurs et d’assurer la sécurité de nos communications.
Il reste 93 % de l'article à lire
Plan de l'article