Opération militaire de l’Union européenne (UE), l’Eufor Tchad-RCA a achevé son mandat d’un an le 15 mars 2009. Elle est considérée comme une étape majeure dans la construction de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD). Avec ses 3 200 hommes représentant vingt-six pays européens, sa tâche, dans l’Est du Tchad et le Nord-Est de la RCA, était de protéger les civils en danger, de faciliter la liberté de mouvement des humanitaires et de contribuer à la sécurité du personnel de l’ONU. Conçue comme le bras militaire de la Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad (Minurcat), elle a su s’imposer comme une force crédible et impartiale. Exploit logistique, son déploiement rapide dans une zone extrêmement enclavée lui a permis de mener une action dissuasive forte contre une menace non militaire : le banditisme, omniprésent dans cette région. Consciente du nécessaire traitement multidimensionnel de la crise régionale, elle a innové dans le domaine des relations avec les acteurs humanitaires et, surtout, a créé les conditions d’un relais réussi avec la Force de l’ONU chargée de lui succéder à partir du 15 mars. En cela, elle a sans doute tracé les contours de futures opérations militaires de l’UE, au confluent de la sécurité et du développement et en bonne intelligence avec ses partenaires locaux et internationaux.
Eufor Tchad-RCA : les principales leçons du terrain
Promise à l’échec par de nombreux analystes avant même son lancement, l’opération Eufor Tchad-RCA, qui s’est achevée le 15 mars dernier, est aujourd’hui considérée comme une étape réussie du développement de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD). Bras armé fourni par l’Union européenne (UE) dans le cadre d’un effort multidimensionnel mené en collaboration étroite avec le Secrétariat des Nations unies, cette opération africaine a constitué une initiative audacieuse et innovante de l’UE. Parler des leçons qui y furent apprises nécessite d’explorer la genèse d’un mandat complexe, reflet de compromis politiques nés de plusieurs années de négociation avec les autorités locales et entre États européens. À partir de cet éclairage, l’analyse des modes d’action retenus par l’Eufor doit mettre en lumière le caractère proprement européen de cette initiative qui, souhaitons-le, restera comme une première étape vers l’apaisement d’une région profondément déstabilisée.
Les grandes lignes du mandat de l’EUFOR
Autorisée le 25 septembre 2007 par la résolution 1778 du Conseil de sécurité des Nations unies, et formellement établie le 15 octobre par l’action commune 2007/677/CFSP du Conseil de l’UE, l’Eufor Tchad-RCA a été lancée le 28 janvier 2008. D’une durée de douze mois, elle a déclaré sa capacité opérationnelle initiale le 15 mars 2008 et s’est donc terminée le 15 mars 2009, date à laquelle la majeure partie de ses effectifs est passée sous le commandement de la Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad (Minurcat).
Au cours de cette période d’un an, ses 3 200 soldats, représentant vingt-six États (dont les États non-membres de l’UE que sont l’Albanie, la Croatie et la Fédération de Russie), ont eu la tâche difficile de contribuer à améliorer les conditions de sécurité dans l’est du Tchad et le Nord-Est de la République centrafricaine (RCA), deux zones gravement affectées par le conflit du Darfour et ses conséquences.
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