Cher lecteur, ce numéro d’été est comme chaque année un numéro double, août et septembre réunis. Il s’articule autour de trois thèmes principaux d’actualité stratégique : les questions européennes, les enjeux maritimes du XXIe siècle et la réflexion stratégique française comme objet d’études. Pour compléter ces approches, vous trouverez des opinions souvent engagées et des perspectives novatrices. Lire la suite

  p. 1-1

Union européenne - Pratique de la PESD

Synthèse du rapport de l’Assemblée européenne de sécurité et de défense, « Les opérations militaires de l’Union européenne – Réponse au rapport annuel du Conseil », présenté au nom de la Commission de défense, le 6 mai 2009, par MM. Andrea Rigoni (Italie, Groupe libéral) et René Rouquet (France, Groupe socialiste), rapporteurs. Lire les premières lignes

  p. 5-9

Opération militaire de l’Union européenne (UE), l’Eufor Tchad-RCA a achevé son mandat d’un an le 15 mars 2009. Elle est considérée comme une étape majeure dans la construction de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD). Avec ses 3 200 hommes représentant vingt-six pays européens, sa tâche, dans l’Est du Tchad et le Nord-Est de la RCA, était de protéger les civils en danger, de faciliter la liberté de mouvement des humanitaires et de contribuer à la sécurité du personnel de l’ONU. Conçue comme le bras militaire de la Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad (Minurcat), elle a su s’imposer comme une force crédible et impartiale. Exploit logistique, son déploiement rapide dans une zone extrêmement enclavée lui a permis de mener une action dissuasive forte contre une menace non militaire : le banditisme, omniprésent dans cette région. Consciente du nécessaire traitement multidimensionnel de la crise régionale, elle a innové dans le domaine des relations avec les acteurs humanitaires et, surtout, a créé les conditions d’un relais réussi avec la Force de l’ONU chargée de lui succéder à partir du 15 mars. En cela, elle a sans doute tracé les contours de futures opérations militaires de l’UE, au confluent de la sécurité et du développement et en bonne intelligence avec ses partenaires locaux et internationaux. Lire les premières lignes

  p. 10-19

Le monde a pris conscience du danger que représente la piraterie maritime dans le golfe d’Aden. Depuis le début des années 90, l’instabilité politique et la faiblesse économique de la Somalie ont contribué à en faire une des zones les plus dangereuses du globe. Cette situation critique a été analysée par l’Assemblée de l’UEO (www.assembly-weu.org/fr). Une synthèse des travaux du 4 juin 2009 est présentée à nos lecteurs.

  p. 20-23

La guerre contre la drogue est la seule raison d’être de l’intervention de l’Otan en Afghanistan : l’héroïne afghane ne ravage-t-elle pas l’Europe autant que l’Amérique ? Or cette guerre-là est la seule qui ne soit pas menée. Pourquoi cette complaisance coupable ? Comment l’Union européenne peut-elle organiser en tout lieu une lutte acharnée contre ce fléau d’une ampleur mondiale ?

  p. 24-34

Le mécanisme Athéna finançant les coûts communs des opérations militaires de l’Union européenne a désormais plus de cinq ans. Entre son lancement en 2004 et l’actuelle présidence suédoise, le mécanisme a financé les coûts communs de cinq opérations pour un volume financier de près de 400 millions d’euros. Déjà révisé trois fois (la dernière sous présidence française fin 2008) et soutenant des opérations de plus en plus complexes dont le cadre peut évoluer avec le Traité de Lisbonne, il nous a apparu opportun de faire un point de situation et d’ouvrir quelques perspectives.

  p. 35-46

La Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) n’est plus un grand chantier européen intergouvernemental strictement promu et contrôlé par les gouvernements, mais une politique européenne qui se pratique au quotidien, essentiellement à Bruxelles. Au fil de ce processus, la Commission européenne et le Parlement européen ont commencé à s’immiscer dans la mise en œuvre de cette politique, tandis que les institutions bruxelloises plus directement en charge de la PESD opèrent à leur pleine mesure. Ces évolutions ne sont pas sans conséquence sur la façon dont peut ou doit s’exprimer l’influence d’un État comme la France sur cette politique.

  p. 47-55

Le Sommet de l’Otan d’avril 2009 n’a pratiquement pas abordé la PESD. La normalisation française au sein de l’Otan fut le sujet porteur tout comme les questions capacitaires et le dossier afghan. En outre, la grande réforme de l’Organisation atlantique impose la rédaction annoncée d’un nouveau Concept stratégique attendu pour 2010, devant tenir compte en partie de la mise à jour de la Stratégie européenne de sécurité réalisée fin 2008.

  p. 56-68

En l’espace de quelques années, la PESD s’est transformée. Elle est passée d’une initiative d’essence politique à un domaine d’action où l’Union européenne est réellement engagée. L’évolution des structures administratives pour effectuer ces tâches n’était pas facile à réaliser. Ainsi, les fonctionnaires européens qui participent au processus décisionnel de la PESD à Bruxelles peuvent être aujourd’hui considérés comme des serviteurs publics nationaux, même s’ils travaillent à un but commun.

  p. 69-74

Enjeux maritimes - Renouveau stratégique

Dans le prolongement de la première journée « Mer et Outre-Mer » organisée en juin 2009, il n’est pas inutile de se pencher un instant sur le rôle fondateur du commerce maritime dans l’économie mondiale. On connaît les chiffres : plus de 90 % des transports se font par mer, mais au-delà de ce simple constat on a probablement du mal à imaginer ce que représente la réalité historique de la mondialisation et de ses enjeux. Retour sur l’histoire de la route maritime qui relie l’Europe à l’Extrême-Orient, principal vecteur de la mondialisation.

  p. 75-84

L’Arctique devient le théâtre d’une compétition internationale, que le seul réchauffement de la planète ne suffit pas à expliquer. Des différends durables sont apparus sur la délimitation du plateau continental, le statut de nouvelles routes maritimes, les ressources en hydrocarbures et minières, la pêche, les droits des peuples d’origine. Un traité de l’Arctique est exclu à horizon humain, d’autant plus que la région est vitale pour de grands acteurs stratégiques (revendications russes, bouclier antimissiles américain…). De plus, le Groenland sera sans doute bientôt indépendant. Quant à l’Antarctique, solidement protégé par un traité vieux de 50 ans, il suscite un intérêt renouvelé, pour des raisons qui ne sont pas toutes désintéressées.

  p. 85-96

Les enjeux maritimes n’ont jamais été aussi stratégiques qu’aujourd’hui. Alors que depuis les années 90, les flottes militaires se contractent progressivement, 75 % du trafic commercial mondial s’effectuent aujourd’hui par voie maritime (transports énergétiques, échanges commerciaux…). Ainsi, la question de la sécurité dans les approches maritimes se pose dans de nouveaux termes, en particulier en matière de lutte contre la piraterie. Elle requiert la maîtrise de l’ensemble des technologies navales pour faire face à une insécurité grandissante.

  p. 97-104

La géographie des mers et des océans à l’échelle de la planète ainsi que la variété des activités qui s’y développent ou s’y rattachent, déterminent un large éventail d’enjeux stratégiques qui se déclinent dans toutes les dimensions d’une politique étrangère : sécurité ; économie ; commerce et industrie ; développement des populations et des régions littorales ; développement de l’activité maritime et protection des ressources ; préservation de l’environnement et développement durable ; recherche fondamentale sur le milieu et l’écosystème marins ; culture, éducation, formation… Aucune ne peut être développée et mise en œuvre efficacement en dehors d’une vision d’ensemble.

  p. 105-116

70e anniversaire - La pensée stratégique en France

Intervention du général (CR) Claude Le Borgne lors de la table ronde du 4 juin 2009 organisée par le Comité d’études de défense nationale sur « La pensée stratégique en France », à l’occasion du 70e anniversaire de la revue Défense nationale et sécurité collectiveLire les premières lignes

  p. 117-123

Intervention de M. Christian Malis lors de la table ronde du 4 juin 2009 organisée par le Comité d’études de défense nationale sur « La pensée stratégique en France », à l’occasion du 70e anniversaire de la revue Défense nationale et sécurité collective.

  p. 124-135

Intervention de M. Jean-Christophe Romer lors de la table ronde du 4 juin 2009 organisée par le Comité d’études de défense nationale sur « La pensée stratégique en France », à l’occasion du 70e anniversaire de la revue Défense nationale et sécurité collective.

  p. 136-141

Repères - Opinions - Débats

Après 231 ans d’un mariage chaotique que l’on s’obstine à croire d’amour alors qu’il ne fut dès l’origine que de raison, la France et les États-Unis n’en finissent pas d’afficher leurs divergences de valeurs que d’aucuns nomment convergence d’intérêts. Les questions d’Orient et du terrorisme, que le conflit afghan enrôle à tort, mettent de nouveau cette béance en lumière, car la manière dont chacun les aborde n’est que la traduction de deux visions du monde et de l’histoire que l’on découvre une nouvelle fois peu conciliables. Lire les premières lignes

  p. 142-149

Réflexion à partir du texte « L’Islam contre l’islamisme » de Mustapha Benchenane, paru dans la revue Défense nationale et sécurité collective de mars 2009.

  p. 150-156

Les forces multinationales européennes (FME) ne sont pas des forces de l’Union européenne (UE) et ne peuvent donc servir ou défendre les intérêts de l’UE qu’après le double agrément des États qui les constituent et celui du Conseil européen qui peut les employer. L’objectif de convaincre du bien fondé de ces FME a été atteint et nombre de réussites concrètes sont à enregistrer. Cependant, avec le développement constant de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD), le contexte économique et politique est propice à une réflexion sur la pérennité de ces FME. Deux choix s’offrent à elles : se transformer en réelles forces de l’UE ou disparaître. Mais on ne peut que constater la difficulté d’obtention d’un consensus politique pour intégrer ces FME dans le cadre de la PESD. Il serait donc préférable de les dissoudre, puis de consacrer plus de ressources au développement des Battle Group.

  p. 157-164

Voilà dix ans que l’Otan achevait son opération aérienne « Force alliée » menée contre la République fédérale yougoslave du président Slobodan Milosevic. Après 78 jours de bombardements, celui-ci décidait d’accepter les exigences de la communauté internationale, exprimées par l’ONU et l’Otan, concernant la situation au Kosovo. Que reste-t-il aujourd’hui de cette opération sans précédent ?

  p. 165-172

Bibliographie

Thomas E. Ricks : Fiasco : L’aventure américaine en Irak  ; Michalon, 2008 ; 430 pages - Pierre Morisot

Dominant le sous-titre « L’aventure américaine en Irak », l’affichage du titre en lettres énormes claque comme une condamnation et les termes relevés dans les premières pages se veulent accablants : « décision éhontée… (argent) gaspillé… incompétence et arrogance (du président Bush)… conception bâclée… ». Le lecteur moyen, qui n’aura pas manqué de consulter, dans le numéro de mars 2009 de notre revue, l’article intitulé « Haro sur le baudet », ne sera pas étonné outre mesure de cet hallali. Lire la suite

  p. 173-173

Nicolas Tenzer : Quand la France disparaît du monde  ; Éditions Grasset, 2009 ; 138 pages - Emmanuel Dupuy

Du général de Gaulle à Nicolas Sarkozy, les dirigeants français ont toujours rêvé d’une grande politique étrangère ; mais la France a-t-elle encore les moyens de cette ambition ? La puissance et notre influence sont-elles encore au rendez-vous ? C’est au cours de la récente mission officielle qui lui a été confiée par le ministère des Affaires étrangères et celui des Finances, après avoir parcouru plus d’une vingtaine de pays, rencontré 1 300 personnes, que le directeur de la revue Le Banquet, ancien chef de service au Commissariat général du Plan, Nicolas Tenzer lance un cri d’alarme. Lire la suite

  p. 174-174

Revue Défense Nationale - Août/Sept 2009 - n° 722

The war on drugs is the only raison d’être for NATO’s intervention in Afghanistan: after all, Afghan heroin is ravaging Europe as much as America. And yet that war is the only one not being fought. So why this indulgence? How can the European Union organize a determined fight everywhere against this worldwide scourge?

Presentations given at a roundtable discussion on 4 June 2009, organized by the Committee for National Defence Studies (CEDN) on ‘Strategic thinking in France’. The occasion was the 70th anniversary of the journal Défense nationale et sécurité collective.

Presentations given at a roundtable discussion on 4 June 2009, organized by the Committee for National Defence Studies (CEDN) on ‘Strategic thinking in France’. The occasion was the 70th anniversary of the journal Défense nationale et sécurité collective.

Presentations given at a roundtable discussion on 4 June 2009, organized by the Committee for National Defence Studies (CEDN) on ‘Strategic thinking in France’. The occasion was the 70th anniversary of the journal Défense nationale et sécurité collective.

Opinions and Viewpoints

After 231 years of a chaotic marriage—which the French persist in believing is founded on love whereas it was always based only on reason—France and the United States continue to proclaim their divergent values, which some call a convergence of interests. Issues concerning the Middle East and terrorism, wrongly used as a justification for the Afghan conflict, once again highlight this gap. The way in which they address these questions reflects their different and incompatible views of the world and history.

A reflection prompted by Mustapha Benchenane’s article ‘Islam and “Islamism”—a study’, which appeared in Défense nationale et sécurité collective, February 2009.

It is now ten years since NATO concluded Operation Allied Force against the Federal Yugoslav Republic of Slobodan Milosevic. After 78 days of bombing, the latter decided to accept the demands of the international community (as expressed by the UN and NATO) regarding Kosovo. What traces are left today of this unprecedented operation?

Revue Défense Nationale - Août/Sept 2009 - n° 722

Cher lecteur, ce numéro d’été est comme chaque année un numéro double, août et septembre réunis. Il s’articule autour de trois thèmes principaux d’actualité stratégique : les questions européennes, les enjeux maritimes du XXIe siècle et la réflexion stratégique française comme objet d’études. Pour compléter ces approches, vous trouverez des opinions souvent engagées et des perspectives novatrices.

C’est qu’en effet, il faut continuer à s’intéresser à la PESD qui va bientôt fêter le 10e anniversaire de son lancement à Helsinki, tout en tirant les premières conclusions des travaux menés par l’Alliance atlantique à Strasbourg-Kehl. Il est également utile, dans le prolongement du Grenelle de la Mer, d’investiguer les questions stratégiques maritimes. Enfin, il nous faut vous rendre compte des travaux conduits à l’occasion du 70e anniversaire de notre revue, sans oublier le nécessaire renouvellement de la pensée stratégique qui fait partie de notre mission.

Cette année 2009 est une année vraiment stratégique puisque votre revue a diffusé en juillet un numéro spécial commandé par l’Enseignement militaire supérieur (EMS), « La pensée stratégique : une vocation pour l’École militaire » et que se profilent au début du mois d’octobre les assises de la pensée stratégique organisées par le ministère de la Défense et dont votre revue sonnera les trois coups, début octobre.

Cet éditorial est aussi pour moi l’occasion de me présenter, de vous saluer et de vous demander conseils et suggestions pour assurer toujours mieux l’animation et l’approfondissement du débat stratégique dont le pays a besoin. Écrivez-nous (redac@defnat.com). ♦

Jean Dufourcq

Revue Défense Nationale - Août/Sept 2009 - n° 722

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

Aucune contribution n'a encore été apportée.