Le monde a pris conscience du danger que représente la piraterie maritime dans le golfe d’Aden. Depuis le début des années 90, l’instabilité politique et la faiblesse économique de la Somalie ont contribué à en faire une des zones les plus dangereuses du globe. Cette situation critique a été analysée par l’Assemblée de l’UEO (www.assembly-weu.org/fr). Une synthèse des travaux du 4 juin 2009 est présentée à nos lecteurs.
Le rôle de l'Union européenne dans la lutte contre la piraterie
Deuxième axe de transport maritime au monde, cette zone de passage d’environ 2 millions de km2 voit transiter environ 16 000 navires par an, dont les navires du Programme alimentaire mondial (PAM), qui assurent l’alimentation de près de 2 millions de Somaliens. Les attaques de bâtiments représentent ainsi pour la population un enjeu important et pour les pirates une source de revenus non négligeable : les rançons demandées sont considérables et les risques minimes. Le Bureau maritime international (BMI) estime qu’en 2008 les actes de piraterie dans cette région ont augmenté de 75 % : 135 bateaux attaqués et 33 détournés. L’année 2008 aura été particulièrement active : l’attaque du trois-mâts français le Ponant, celle à la roquette du pétrolier japonais le Takayama ou encore celle du voilier le Carré d’As. L’attaque la plus inhabituelle a été celle du navire ukrainien le Faina transportant 33 chars T-72, des systèmes de défense antiaérienne et des lance-roquettes. Après cinq mois de détention, le bateau a été libéré contre une rançon de 3,2 millions de dollars. Le Sirius Star, chargé de 2 millions de barils de pétrole, soit une cargaison de 100 millions de dollars, a été relâché contre une rançon de 3 millions de dollars en janvier 2009.
Les pirates
Les pirates qui sévissent dans le golfe d’Aden sont pour la plupart originaires de la région semi-autonome du Puntland en Somalie. En proie au chaos politique du fait de l’inexistence d’un État souverain fort, le Puntland est l’une des régions de Somalie les plus touchées par la pauvreté. Les pirates somaliens sont pour la plupart de jeunes éleveurs qui ont quitté leur communauté et qui se louent comme mercenaires au plus offrant. Réagissant à l’incapacité de la Somalie à faire respecter sa souveraineté, ils se présentent comme des garde-côtes garants de l’intégrité des eaux territoriales subissant la pêche illicite dans la zone économique exclusive somalienne.
Les pirates utilisent des « skiffs », petites embarcations rapides et maniables, mais avec un faible rayon d’action. L’emploi de « bateaux-mères » permet ainsi la mise à l’eau des « skiffs » à de très grandes distances des côtes et sert de base arrière. Certaines de ces embarcations sont équipées de GPS et téléphones satellites et peuvent s’appuyer sur un réseau de renseignement fournissant des informations venant des différents ports d’Europe, d’Asie ou du Golfe. Les pirates peuvent bénéficier ainsi d’un rayon d’action de près de 500 milles nautiques.
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