Longtemps limitée à la psychologie individuelle, la résilience revêt dans le dernier Livre blanc une dimension collective inédite, au point de charger les armées de « renforcer la résilience de la nation ». Si le rôle majeur des armées ne fait ici aucun doute, en décliner les implications purement militaires est moins évident, tant il est vrai que la nature du lien exact des armées à la résilience des Français reste à définir.
Résilience de la nation : les armées face au nouveau paradigme de la crise majeure
Troisième objectif opérationnel confié aux armées pour les quinze années à venir, la fonction « protection de la population » du dernier Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale se charge d’une nouvelle dimension en mettant en avant le concept de résilience (1).
Le recours d’une institution — par définition publique — à une notion qui relève essentiellement de la psychologie individuelle peut surprendre pour qui veut appréhender les contours de la nouvelle stratégie de sécurité nationale. Réfléchir à la contribution des armées à la résilience nationale nous confronte à un triple problème d’analyse. Problème de méthode tout d’abord : comment agir sur les esprits ? Quand se gagne la résilience ? Comment en mesurer le niveau ? Problème de moyens ensuite : lesquels engager sur le terrain ? Pour quelle durée ? Problème de mission enfin : avec quelle marge d’initiatives ? Avec quels interlocuteurs ?
Si le Livre blanc définit les grandes lignes stratégiques en matière de résilience, la déclinaison en termes purement militaires est autrement plus difficile. Pourtant, analyser dès à présent le rôle des armées dans cette perspective apparaît aussi nécessaire que délicat. La réflexion qui suit n’a d’autre ambition que d’inventorier les enjeux qu’impliquerait la participation militaire à la gestion d’une crise majeure sur le territoire national, scénario encore peu valorisé dans des esprits majoritairement marqués par un tropisme d’action extérieure.
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