La menace constituée par les engins explosifs improvisés pourrait inciter à envisager l’amélioration de la protection de nos soldats sous l’angle unique de l’augmentation du blindage des véhicules. Cette démarche n’aboutirait qu’à une course entre explosif et cuirasse, à l’issue incertaine et au coût exorbitant. Prioritaire, l’amélioration de la protection de nos hommes passe tout autant par l’adaptation permanente des tactiques, des dispositifs et de la préparation opérationnelle que par celle de leurs équipements.
Explosif contre cuirasse
En frappant à distance un véhicule parmi d’autres au milieu d’un convoi au moyen d’un engin explosif improvisé (EEI), l’adversaire ne cherche pas nécessairement à obtenir un véritable résultat militaire. Dans un contexte de guerre irrégulière, il s’agit davantage pour lui d’atteindre les opinions publiques par le biais d’actions de harcèlement à haute valeur ajoutée médiatique et dont la répétition est susceptible d’user la volonté des populations, en particulier occidentales. En effet, compréhensibles en cas de menace mortelle à nos frontières, nos pertes le sont plus difficilement par nos concitoyens quand les opérations sont menées loin de nos limes traditionnels. Dans ce contexte, ils ne comprendraient pas, à juste titre, que tout ne soit pas fait pour améliorer la protection de nos soldats. Cette protection de nos hommes est d’ailleurs bien un devoir de tout chef militaire, qui doit certes chercher à gagner, mais en prenant les risques calculés qui permettent d’éviter au maximum les pertes. Les efforts réalisés par l’Armée de terre, l’EMA et la DGA dans le cadre de nos engagements actuels, notamment en Afghanistan, témoignent de cet impératif.
Cependant, la réduction du concept de protection aux seules réponses techniques fait naître le risque majeur de l’inhibition de nos forces. Dans une lutte sans fin entre l’épée et le bouclier, déclinée dans sa version moderne entre l’explosif et la cuirasse, l’adversaire applique toujours la même stratégie de contournement.
En effet, la nécessaire protection du combattant contre les agressions du champ de bataille ne peut être obtenue au détriment de sa capacité à manœuvrer, car pour emporter la décision, il s’agit toujours de gagner et de conserver l’ascendant sur l’adversaire. De plus, nous sommes arrivés, d’une certaine manière, au bout des possibilités techniques actuelles en termes de protection de nos engins. La quête de la meilleure protection revient donc à trouver une combinaison la plus appropriée possible de solutions techniques et tactiques pour répondre aux impératifs et contraintes des engagements.
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