Dix ans après le lancement de la PESD, beaucoup a déjà été dit sur ses capacités d’actions. Pour les évaluer sérieusement, en particulier dans le domaine militaire, il est proposé d’examiner le processus de préparation des opérations et les acteurs qu’elles impliquent, ainsi que d’identifier quelques facteurs majeurs qu’ils influencent.
L'Union européenne et ses opérations militaires : perceptions et réalités
La préparation des opérations n’est pas comme la guerre, un art simple et tout d’exécution, même si elle repose sur un certain nombre de principes et de processus. Dans le cas de l’Union européenne, le processus décisionnel de gestion de crise est régi par un document agréé lors de la mise en place de la PESD en 2001, et réajusté marginalement à la lumière des premières opérations. En ce qui concerne les opérations militaires, l’impulsion initiale est politique, avec une décision du Comité politique et de sécurité (Cops) de demander la rédaction par le Secrétariat général du Conseil d’un concept de gestion de crise. Ce document fondateur permet à tous les acteurs européens de gestion de crise d’apporter leur angle de vision, que ce soit l’aspect strictement militaire, mais aussi les aspects politiques régionaux ou globaux, ceux liés à l’éventuelle mise en place d’un volet de police ou d’état de droit, ainsi que les aspects humanitaires ou liées aux actions ou programmes de développement de la Commission européenne.
Ce concept de gestion de crise est alors évalué et discuté dans tous les comités concernés, de manière à obtenir in fine un consensus au niveau du Conseil de l’Union européenne. Il est évident que ce passage du document dans les comités va à la fois l’enrichir par la pluralité des approches nationales ou structurelles, mais aussi l’affadir par la prise en compte des diverses sensibilités et des compromis indispensables. On peut parfois noter au cours des discussions une dérive de l’expression de positions nationales vers celle de positions plus personnelles des délégués qui peuvent gêner l’obtention rapide d’un compromis qui fasse sens. La difficulté liée est aussi l’introduction potentielle d’un grand nombre de micro-directives qui pourront contraindre par la suite inutilement les acteurs de terrain. Néanmoins, à ce stade, c’est sans doute le prix à payer pour disposer d’un document qui engage la totalité des acteurs européens et nationaux. Il permet en particulier à l’Union européenne de disposer des mécanismes codifiés pour mettre en œuvre une approche globale réelle et efficace.
Par la suite, si une opération militaire est envisagée, l’état-major de l’Union européenne (l’Emue) élabore un jeu d’options militaires stratégiques en cohérence avec le concept de gestion de crise. L’une de celles-ci est ensuite sélectionnée et une directive militaire initiale est agréée puis transmise au commandant d’opération qui aura été identifié dans l’intervalle avec le commandant de force, et communiquée parallèlement à leurs états-majors. Le commandant d’opération, sur cette base, conduit sa planification opérationnelle avec le commandant de force désigné et revient vers les États membres pour faire valider son concept d’opération, générer sa force puis faire agréer son plan d’opération. Voilà la séquence standard.
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