L’arrivée de Barack Obama à la présidence américaine avait laissé entrevoir un renforcement du partenariat atlantique. Les leçons tirées des premiers mois de sa mandature sont pourtant contrastées. Les relatives convergences sur les dossiers du bouclier antimissiles sont circonstancielles et dépendantes de la Russie. En revanche, les questions du partage des responsabilités décisionnelles et du burden-sharing en Afghanistan n’ont pas évolué. Ces inerties rappellent que le thème de l’intégration (dans la décision et l’exécution des plans militaires) reste la principale divergence entre Alliés.
Partenariat atlantique : une évolution mesurée
Une des caractéristiques du style Obama, en rupture avec l’héritage néoconservateur de l’ère Bush, est son approche multilatérale des dossiers internationaux. Partisan de l’école réaliste, il a également élargi son système d’alliance en l’orientant sur de nouveaux partenariats, sans faire de la nature du régime une condition de dialogue. La place de l’Alliance atlantique dans le jeu stratégique est aujourd’hui imprégnée de cette nouvelle donne. Elle est conditionnée aux exigences des nouveaux partenaires américains (notamment la Russie) et aux nouvelles priorités de l’Administration (règlement du conflit afghan, lutte contre la prolifération nucléaire). Les réflexions et décisions adoptées sur le fonctionnement de l’Otan depuis début 2009 (niveau d’extension à l’Est, bouclier antimissiles, définition de la stratégie en Afghanistan, question du partage de responsabilités) ont soit confirmé la persistance de divergences profondes entre Européens et Américains (insuffisance de l’effort de guerre européen en Afghanistan, réticence du partage de responsabilité des Américains), soit impulsé une avancée sur certains dossiers après le réchauffement du partenariat américano-russe (abandon du bouclier antimissiles en Europe, extension de l’Otan). Les tendances observées dans les premiers mois de l’Administration Obama dessinent donc un partenariat atlantique plus ouvert, mais comme résultat d’une évolution de facteurs exogènes à l’Alliance.
Les inerties
Structures de commandement
Le partage de responsabilités au sein des structures de commandement de l’Otan est un thème conflictuel récurrent au sein de l’Alliance. Il est, entre autres, à l’origine des initiatives européennes de défense autonome et des réticences à intensifier l’effort de guerre (pourquoi envoyer plus de troupes alors que le C2 otanien reste exclusivement américain ?).
Les premiers mois de l’Administration Obama n’ont pas changé cette donne. Premièrement, le retour de la France dans le commandement intégré de l’Otan n’a pas signifié pour autant un nouveau partage de responsabilité dans la gestion des conflits. La France a certes obtenu le Commandement suprême allié de la transformation à Norfolk aux États-Unis, mais cet apport reste relativement modeste d’un point de vue stratégique, pour des raisons à la fois géographiques (éloignement des instances de responsabilités en Europe) et fonctionnelles (fonction avant tout théorique du commandement, élaboration de concepts et d’objectifs pour le futur). Deuxièmement, le renouvellement des postes dans les structures de commandement ne fut pas l’occasion d’un partage des responsabilités. L’arrivée d’un Américain (James Stavridis) comme Saceur (en remplacement de John Craddock) permet toujours aux États-Unis de maintenir un contrôle intégral de la définition et du contrôle des opérations militaires de l’Alliance. Les États-Unis ont également toujours le monopole dans l’exécution des tâches en Afghanistan (principal lieu d’engagement de l’Otan). Le remplacement du général David MacKiernan par Stanley MacChrystal le 2 juillet à la tête de la Force internationale d’assistance à la sécurité (Fias) tient plus de la volonté américaine d’installer un spécialiste du counter-insurgency (COIN) que de réduire la faible représentation européenne dans la prise de décision opérationnelle.
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