La menace constituée par les engins explosifs improvisés pourrait inciter à envisager l’amélioration de la protection de nos soldats sous l’angle unique de l’augmentation du blindage des véhicules. Cette démarche n’aboutirait qu’à une course entre explosif et cuirasse, à l’issue incertaine et au coût exorbitant. Prioritaire, l’amélioration de la protection de nos hommes passe tout autant par l’adaptation permanente des tactiques, des dispositifs et de la préparation opérationnelle que par celle de leurs équipements.
La formation à la pensée stratégique : un délit d'initiés ?
La pensée stratégique constitue-t-elle un domaine réservé ? Réservé au sens où ce serait l’apanage d’une « élite » et pourrait être assimilée à un savoir caché parce que « moralement » douteux. Ainsi, la pensée stratégique relèverait presque du « délit d’initiés » : elle constituerait une activité sulfureuse pratiquée par quelques hommes de l’ombre à l’influence occulte, mais considérable…
Loin de tous ces imaginaires du complot synarchique, il importe au contraire aujourd’hui de démystifier et de démocratiser le « mode de penser » stratégique pour permettre à notre pays d’appréhender convenablement le mouvement du monde et de mieux l’influencer.
Pourquoi la pensée stratégique fut-elle enfermée dans de telles caricatures ? Sans doute parce que la stratégie implique l’acceptation de la guerre, du conflit, et que les sociétés riches, « développées », ne sont plus capables (intellectuellement et psychologiquement) de «soutenir » l’idée même de rivalité et d’affrontement. Elles ne le sont plus en tout cas en Europe. Car les États-Unis n’ont pas les mêmes inhibitions. Dès la fin de la guerre froide, ils développèrent une stratégie multidimensionnelle afin de s’assurer d’une suprématie durable dans les domaines militaire, diplomatique, géoéconomique, culturel et informationnel.
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