Asie - La Chine à l'aube de l'hyperpuissance ?
La Chine, avec son un milliard quatre cents millions d’habitants, est déjà le pays le plus peuplé au monde. Avec une croissance économique à faire pâlir la quasi totalité des États de la planète, il semblerait que l’Empire du milieu soit sacré première puissance mondiale à l’horizon 2025 ; détrônant ainsi les États-Unis d’Amérique. Cependant, malgré des atouts indiscutables, la République Populaire de Chine doit faire face à quelques difficultés qui pourraient l’empêcher, à terme, de devenir l’unique hyperpuissance du monde.
Les roses de la gloire
Si la Chine est aujourd’hui en passe de devenir la première puissance économique du monde, elle le doit à un seul homme : Deng Xiaoping, successeur de Mao, ayant cassé le modèle d’autarcie qui prévalait depuis la Révolution communiste de 1949. En réformant le pays, Xiaoping lui a assuré un développement économique sans précédent et une intégration rapide aux différents échanges internationaux. Deux grands facteurs de réussite découlent directement de cette stratégie : le succès de la politique énergétique de la Chine et la prépondérance diplomatique qu’elle a acquise.
Les besoins de la Chine en ressources énergétiques, et notamment en pétrole, sont en augmentation constante (+ 5 % par an depuis les années 80). Devant l’impossibilité de produire plus, le refus d’importer (au risque de devenir dépendant d’un autre État) ou encore l’absurdité que représenterait la limitation de la croissance industrielle, la Chine a choisi de prendre le contrôle de productions étrangères de pétrole. Les gisements en question se trouvent en Iran, en Irak, au Soudan ou encore au Kazakhstan. Des pipelines sont construits afin d’acheminer l’or noir jusqu’à la Chine. En faisant cela, la Chine s’assure une indépendance totale au moment où le pétrole, en fin de vie, se retrouve au centre de toutes les attentions.
Se retrouver à la tête de tous ces gisements confère à la Chine une position semblable à celle des États-Unis dans le domaine énergétique. La Chine a décidé de prendre toute sa place dans le monde. Elle a décidé de « s’éveiller ».
En parallèle de sa politique énergétique, la Chine est également sortie de son autarcie diplomatique afin de s’assurer, sur le plan diplomatique, une place prépondérante. Le postulat est simple : sa puissance économique lui donne la possibilité d’être une puissance diplomatique. L’outil militaire est, bien entendu, un élément fondamental dans cette quête, bien qu’il ne soit pas l’outil essentiel. C’est ainsi qu’à côté des tests de lancements de missiles, l’Empire du Milieu a adopté une politique de collaboration avec certains États (dont l’Inde) et a développé un réseau de centres culturels, les Instituts Confucius, afin d’étendre la culture chinoise au globe. Fin 2009, le pari est, sans conteste, gagné : aucune décision de grande importance ne se prend sans avoir consulté la Chine. Cette dernière participe à toutes les réunions, à tous les sommets mondiaux, à toutes les conférences internationales. Le pays de Mao est devenu une grande puissance. Cependant, le statut d’hyperpuissance semble, pour l’instant, lui échapper.
Les orties de la contestation
L’avenir chinois, malgré ce que les médias voudraient nous faire penser, n’est pas si idyllique. Plusieurs ombres au tableau sont, en effet, à prendre en considération ; de telle sorte qu’elles pourraient remettre en cause un futur statut d’hyperpuissance, détenu aujourd’hui par les États-Unis et leur charismatique Président.
La question du Tibet écorne considérablement l’image de la Chine à l’étranger. Cette région, devenue chinoise suite à l’invasion communiste de 1950, bénéficie d’une aura quasi disproportionnée sur la scène internationale. De ce fait, la voix de son guide spirituel, le Dalaï-Lama, s’en trouve largement amplifiée. Cette situation conflictuelle débute réellement en 1959 au moment où sont signés les accords sur la libération du Tibet. Ce dernier devient officiellement province chinoise et une émeute a lieu pour chasser les « envahisseurs ». Suite au succès de ces derniers, et à la mort de 90 000 personnes, le Dalaï-Lama part en exil, emportant avec lui les aspirations à la liberté de tout un peuple.
En 2008, de nouvelles émeutes éclatent ; réprimées durement par la Chine. L’opinion internationale, souvent mal informée de la situation réelle, n’a pu que condamner la répression chinoise. L’Empire du Milieu, en proie également à une image de non-respect des Droits de l’homme, s’en trouve durablement affaibli alors qu’il doit faire face à de nouveaux défis.
Les nouveaux défis du XXIe siècle
Le premier défi que la Chine devra relever pour atteindre son objectif est l’amélioration de son image internationale. Pour être respecté, un pays doit se montrer exemplaire à un moment donné dans l’histoire. Ce fut le cas des États-Unis pendant, et après, la Seconde Guerre mondiale. Ce fut le cas de la France lors de l’invasion de l’Irak soixante ans plus tard. L’un des piliers de ce défi sera de régler, définitivement, la question de Taïwan, véritable épine dans le pied du colosse depuis 1949, ainsi que celle du respect des Droits de l’homme.
L’autre défi, commun à tous les pays de la planète, est de faire face aux conséquences du dérèglement climatique. En effet, il est prévu que les températures moyennes de la Chine augmentent de quelques degrés d’ici 2050. Cela créera de graves déséquilibres alimentaires pour une population déjà victime de ce problème. En outre, cela accentuera la pénurie d’eau et favorisera, par conséquent, de grands flux migratoires des pays du Sud vers les pays les plus riches. La Chine, comme les autres, doit se préparer à ces éventualités. Cependant, cela ne sera pas chose aisée.
La Chine est donc dans une situation plutôt confortable à l’aube de ce XXIe siècle. Sa croissance économique et son importance grandissante sur la scène internationale lui assurant une prédominance certaine. Or, si elle veut acquérir le statut d’hyperpuissance, détenu par les États-Unis d’Amérique, elle doit encore consolider ses fondations et répondre aux attentes mondiales pour enfin aborder le nouveau siècle en position de leader incontesté et incontestable. ♦